Jamie SAWYER
L'ATALANTE
432pp - 24,50 €
Critique parue en octobre 2018 dans Bifrost n° 92
Avec Le Revenant s’achève la série « Lazare en guerre » et avec elle les aventures de Conrad Harris, surnommé Lazare, rappelons-le, en raison de son nombre phénoménal de décès… et de renaissances. D’ailleurs, on découvre enfin, dans cet ultime volume, l’origine de ce surnom. Pour ce qui est de l’histoire, à nouveau, elle est efficace et explosive. Lazare doit aller en plein cœur du territoire ennemi. Enfin, de l’ennemi principal de L’Artefact , c’est à dire les Krells. Car depuis La Légion et, surtout, Rédemption , le Directoire semble vouloir prendre la première place au sommet de la liste des monstres, même si eux sont humains. Les membres de son armée ne reculent devant aucun meurtre, aucune torture, aucun massacre, de militaires comme de civils. Donc, avec sa légion et quelques renforts, voilà Conrad Harris parti à la recherche d’une arme ultime capable, selon le Haut Commandement, de régler une bonne fois pour toutes ce conflit à l’origine de millions de morts et de la transformation de pas mal de planètes en champs de ruines.
Évidemment, tout ne va pas être facile. Évidemment, les cadavres vont se compter par milliers. Évidemment, les phénomènes pyrotechniques feraient exploser le budget de n’importe quelle super-production hollywoodienne. Évidemment, les guerriers et guerrières (pas de sexisme dans cette trilogie, tout le monde sait se défendre) vont se montrer particulièrement héroïques et exceptionnellement résistants à la souffrance. Évidemment, le lieutenant-colonel Harris va perdre quelques simulants. Évidemment, le lecteur va en découvrir davantage sur les Bribes et leur phénoménale puissance. Mais surtout, Lazare va découvrir ce qui est arrivé à celle qu’il recherche depuis le début : Elena.
Et tout cela est d’autant plus efficace que Jamie Sawyer a enfin laissé tomber cette construction agaçante des deux premiers tomes : l’alternance entre l’action présente et des retours dans un passé lointain, censés expliquer la psychologie du personnage principal ou les raisons de sa dépression, de son addiction à l’alcool. Ce procédé était trop systématique et paraissait, parfois, artificiel. Dans ce dernier opus, les retours en arrière sont moins nombreux, et non plus systématiques. Donc, plus justifiés. Ils arrivent à point nommé pour sortir de l’ombre tel point de l’histoire, telle question restée sans réponse.
C’est donc sur un sacré feu d’artifice que Conrad Harris, dit Lazare, tire sa révérence. Une bonne conclusion… qui n’en est pas tout à fait une. Car il laisse sa place à d’autres héros de cette guerre sans merci. Jamie Sawyer n’abandonne pas ce monde : le lieutenant Keira Jenkins prend la relève et mène ses troupes dans une nouvelle trilogie, « The Eternity War » (deux volumes parus, ou presque, en VO). Et c’est là qu’on se dit : mais pourquoi ne savent-ils pas s’arrêter ?