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Les critiques de Bifrost

Le Royaume unique

Le Royaume unique

Sean RUSSELL
MNÉMOS
20,50 €

Bifrost n° 30

Critique parue en avril 2003 dans Bifrost n° 30

Parce qu'ils ont trouvé des reliques sur un ancien champ de bataille considéré comme maudit, Tam, Baore et Fynnol ont décidé de descendre la rivière Wynnd jusqu'à Inniseth. Là, ils pourront vendre leurs trouvailles et peut-être acheter des chevaux. Durant leur première nuit passée à la belle étoile, ils rencontrent un voyageur érudit, Alaan, accompagné d'un whyst domestiqué, un oiseau nocturne toujours considéré comme un mauvais augure. Alaan, en réveillant les trois compagnons en pleine nuit, les sauve d'une mort certaine. En effet, des hommes d'armes approchent avec de mauvaises intentions. Couverts par Alaan, qui périt dans l'assaut, Tam, Baore et Fynnol réussissent à s'enfuir mais perdent leur bateau et leur précieuse cargaison. Recueillis par un groupe de gens du voyage, ils racontent leur histoire et rencontrent Cynndl, le quêteur d'histoire qui leur propose aussitôt de les accompagner jusqu'au plateau de Kerns où sont élevés de magnifiques chevaux. Pour arriver à destination, un long voyage en bateau les attend. Un périple merveilleux (à la Marco Polo mâtiné de Braveheart) qui les plongera dans une réalité qu'ils n'avaient fait qu'effleurer, car leur royaume se déchire : deux familles, les Renné et les Wills, s'affrontent par tournois et intrigues interposés afin de succéder au défunt roi Ayr. Au final, Cynndl, Tam, Baore et Fynnol ne pourront qu'entrer dans le tourbillon de l'Histoire.

Après un premier chapitre pour le moins laborieux (problèmes de traduction ?), c'est à une jolie aventure que nous invite Sean Russell (par ailleurs auteur du magnifique diptyque Sea Without Shore, World Without End), une aventure un brin écossaise qui évoque les romans d'exploration de Jack London (omniprésence de la nature et de ses dangers), mais aussi la fresque de Robin Hobb, L'Assassin royal. On notera avec plaisir que, contrairement à bien des productions Mnémos récentes, la traduction, sans être géniale (il reste des pains à droite et à gauche), est 99,9 pour cent du temps agréable à lire. Ce volume étant le premier d'un cycle qui en comptera six (si les dieux prêtent vie aux éditions Mnémos), on peut difficilement émettre un avis définitif, mais par contre on s'autorisera à quelques remarques susceptibles d'aiguiller le lecteur potentiel. D'abord, le style de Russell, qui s'autorise parfois à être contemplatif, est très supérieur à celui de David Gemmell et rivalise sans mal avec celui de Tad Williams ; il en découle de très bonnes ambiances, de jolies scènes. Ensuite, les personnages sont réussis, humains, voire carrément touchants, comme Tam, ou fascinants, comme Alaan et Cynndl. Voilà donc, publié chez Mnémos, un nouveau cycle de fantasy qui, s'il y a un minimum de justice commercialo-littéraire, devrait rencontrer un large et mérité succès.

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