Salomé HAN
ALBIN MICHEL
528pp - 22,90 €
Critique parue en avril 2025 dans Bifrost n° 118
Isao est le jeune apprenti du héron blanc, le détenteur du sabre de neige. Katana magique accordé par les kami — entendez par là les dieux, même si le concept de divinité dans le shintoïsme est un poil plus subtil — ce sabre lui confère l’immortalité, la jouvence et de terrifiants pouvoirs magiques. Maître et élève vivent ainsi reclus dans une montagne enneigée, presque coupée du monde, mais un jour, patatras ! Isao découvre qu’il brûle d’amour pour son maître diaphane. Hélas, découverts et convoités pour les propriétés magiques du sabre, maître et apprenti prennent la fuite à travers cet univers médiéval-nipponisant. Sauf que, re-patatras ! Le maître disparaît et laisse Isao tout seul dans le vaste monde. Or c’est un brin problématique, car le jeune homme a beau être un combattant hors pair, c’est surtout un parfait abruti, qui de surcroît a vécu isolé de la civilisation. La suite est une succession de péripéties assez téléphonées ayant pour but de déniaiser le pauvre garçon et d’en faire un guerrier de plein droit.
Si le surnaturel est présent dès le début, l’aspect fantasy nipponne ne brille réellement qu’à la fin, où les créatures dudit folklore et la magie pétaradent en tous sens — de manière assez extatique. Le feu d’artifice sera un brin gâché par un plot twist calé au coup de sabot taille 52 en toute fin de récit, mais on est tellement heureux d’en finir avec les turpitudes de RégIsao-est-un-con que ça glissera tout seul sur notre armure laquée. Avant ce final, on a davantage l’impression de lire le synopsis d’un manga de sabre initiatique au parfum de yokai. Salomé Han revendique l’influence de La Pierre et le sabre de Eiji Yoshikawa, et sa passion pour le Japon est très palpable. Un peu trop, parfois, la surabondance de vocabulaire laissé en japonais plombe l’immersion plutôt que l’inverse. En dépit de cela, la fin de ce tome, premier d’une série de trois, est une promesse d’action débridée, de sorcelleries et de démons. À la manière d’un light novel, ce premier roman plaira davantage à un public plus jeune, et plutôt avant d’avoir lu les sublimes classiques de sabre qu’après. À suivre tout de même, les deux prochains tomes de Isao-n’est-plus-un-gland vaudront peut-être plus de koku de riz.