Vonda N. MCINTYRE
MNÉMOS
540pp - 35,00 €
Critique parue en octobre 2023 dans Bifrost n° 112
Voilà ce qu’on appelle une belle occasion manquée. À travers leur collection « Intégrales », les éditions Mnémos s’emploient à rééditer des textes patrimoniaux sous la forme d’omnibus au format imposant, difficilement lisible, mais qui permet de regrouper dans une bibliothèque des incontournables du genre. L’entreprise est parfois heureuse, et les exemples ne manquent pas – on pense aux belles intégrales de John Brunner, Robert Heinlein, Cordwainer Smith, Gérard Klein, ou encore Fritz Leiber. Mais parfois pas, comme c’est ici le cas avec Le Serpent du rêve de Vonda McIntyre. Mnémos avait lancé la réédition des œuvres de l’autrice américaine en 2022 avec la publication de Superluminal. On attendait avec impatience cet omnibus qui replace dans son contexte son roman le plus célèbre, à savoir Le Serpent du rêve, qui a obtenu en son temps les prix Hugo, Locus et Nebula. Une belle occasion, donc.
Dans un futur indéterminé, la Terre a été ravagée par une guerre nucléaire. L’humanité a trouvé refuge dans l’espace et sur d’autres planètes. Pourtant, sur la planète des origines, quelques humains survivent encore dans des cités abritées sous des dômes ou dans le désert que parcourent des groupes de nomades. À travers les récits de la vie de deux femmes, Vonda McIntyre explore deux facettes de ce monde postapocalyptique. Loué soit l’exil plonge le lecteur dans une société complexe et dystopique dans une ville enterrée. Mischa est, comme beaucoup d’enfants, une mutante. Sa mutation lui permet de ressentir les émotions des gens qui l’entourent, pour le meilleur ou pour le pire. Dans Le Serpent du rêve, Serpent est guérisseuse parmi les nomades du désert. Son nom tient au fait qu’elle utilise de véritables serpents pour produire des remèdes et soigner. Deux femmes confrontées à la dureté de l’existence qui vont se lancer dans des quêtes personnelles et changer le monde. La nouvelle « Cages » dévoile les origines de deux personnages d’outre-ciel intervenant dans Loué soit l’exil. Tout ceci est très bien. Loué soit l’exil a les qualités et défauts des premiers romans, et une exubérance séduisante ; Le Serpent du rêve, plus maîtrisé, possède le charme des œuvres d’Ursula Le Guin.
Mais l’ensemble est plombé par une édition bâclée. La traduction de Loué soit l’exil est reprise d’une première édition datant de 1980 dont l’auteur est inconnu. Elle a été révisée, mais n’en est pas moins catastrophique au point que certains passages n’ont aucun sens. Il faut retourner au texte dans sa version originale en anglais pour l’apprécier. Le reste de l’ouvrage est parsemé de nombreuses fautes et coquilles, sur un papier de mauvaise qualité qui présente des trous sur plusieurs pages. Cette intégrale est ainsi présentée dans un état qui nous amène à en déconseiller clairement l’achat à nos lecteurs. 35 euros ? Fuyez, pauvres fous !