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Les critiques de Bifrost

Le Siège de Mithila

Le Siège de Mithila

Ashok K. BANKER
POCKET
624pp - 10,80 €

Bifrost n° 40

Critique parue en octobre 2005 dans Bifrost n° 40

On prend les mêmes et on recommence. Vous me direz, pour le second volet d’une saga de sept opus, c'est assez logique (sept, c'est tout de même plus classe qu'une trilogie, hein ?). Le seul problème, c'est que là, ça fait quand même un peu remâché, même si, dans le style qu'a choisi l'auteur, la redite permanente peut être considérée comme inhérente au genre. J'ai même envie de vous dire : pour la critique de ce roman, voir le Bifrost dans lequel était chroniqué Le Prince d'Ayodiâ. En effet, quoi ajouter aux commentaires du premier volume ?

Donc, nous avions laissé Rama, et son frère qui l'avait accompagné, vainqueur de la Tâtakâ. Nous les retrouvons en route vers Mithila, où doit se dérouler l'intriguant mariage de Rama avec on ne sait qui. En chemin, ils devront libérer l'épouse du Mage Gautama d'un sort injustement lancé contre elle par ce dernier, puis aller réveiller ledit brahmane de sa transe de deux mille trois cents ans.

Pendant ce temps, toujours suivant la technique du double fil narratif mise en place dès le primer opus, la guerre se prépare à Ayôdia, alors que le souverain, dont l'état de santé faiblit de jour en jour, est victime d'une tentative d'empoisonnement, puis d'une attaque du Seigneur des Ténèbres en son propre palais. On suit toujours les mêmes intrigues de cour, même s'il faut avouer que les développements politiques sont moindres dans ce second volet. De même, les épouses du Maharadjah tiennent une place plus limitée que celle qu'elles avaient au début de la série. Le récit se recentre sur Râma, son frère et leur mission.

À Mithila, ville pacifique entièrement tournée vers la religion et la méditation, on prépare le grand festival religieux annuel. Sans se douter un instant que c'est ici que vont se dérouler les premières attaques des démons, ces derniers étant bien décidés à prendre la cité pour accéder à la capitale plus facilement…

Sans vouloir tuer le suspense, on soulignera néanmoins que la fin est un peu « facile ». On se demande, en fait, si cela valait mille pages pour en arriver là. Mais bon, ne sachant comment tout cela sera utilisé dans la suite du récit, on se gardera d'un jugement hâtif. Difficile tout de même de ne pas se dire que Banker a eu les yeux plus gros que le ventre et se retrouve en cette fin d'opus devant une intrigue dont il a peiné à se sortir (comme dans le premier tome, en fait). Quoi qu'il en soit, pour le reste, c'est mené de main de maître.

Sinon, on retrouvera toujours autant de termes hindous un peu lourds à digérer, toujours des prouesses surhumaines de la part des deux princes, à qui tout pouvoir est accordé, toujours autant de surnaturel à avaler, en fait… Bref, les mêmes défauts et/ou qualités. Plus qu'un livre de fantasy, nous sommes ici dans le mythique, donc dans l'exagération. On adhère ou pas, c'est une question personnelle.

En résumé, et à risquer l'évidence : si vous avez aimé le premier, vous aimerez la suite. En revanche, si Le Prince d'Ayodiâ vous a semblé indigeste, fuyez Le Siège de Mithila comme la peste, car vous aurez la même déception, pire, peut-être, car le premier volet m'a tout de même paru mieux mené, plus prenant. Disons qu'on s'installe ici dans une sorte de « routine », ce qui est un peu dommage, même si on comprend bien que ce sentiment est peut-être inhérent au projet même de la série, qui nécessite une stricte cohérence. Reste tout de même quelque chose qui dérange, comme si les choses s'engluaient malgré tout un tantinet. Non pas que le roman soit ennuyeux. Mais Banker avait frappé fort dès le début du premier texte, et il est difficile de se maintenir à un tel niveau sur le long terme. Il faudra voir sur les opus suivants, qu'on attend malgré tout avec impatience.

Sylvie BURIGANA

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