Connexion

Les critiques de Bifrost

Le Supernaturaliste

Le Supernaturaliste

Eoin COLFER
GALLIMARD JEUNESSE
322pp - 15,00 €

Bifrost n° 37

Critique parue en janvier 2005 dans Bifrost n° 37

Cosmo Hill, orphelin de 14 ans, est « prisonnier » du pensionnat de Satellite City, une ville entièrement autonome et gérée à partir d'un satellite de la multinationale Myishi. Il subit les sévices des gardiens et sert surtout, comme les autres orphelins, de cobaye à des expériences scientifiques. Mais un jour, l'occasion de fuir lui est offerte. Après un accident effroyable, il est recueilli par une bande de trois « supranaturalistes ». Leur mission : détruire des créatures bleues, invisible du commun des mortels, excepté des supernaturalistes, et qui suceraient l'énergie des humains. Mais les apparences sont trompeuses. Obstacles, manipulations et faux-semblants vont éclater au visage de Cosmo.

On ne peut pas dire qu'Eoin Colfer soit un optimiste. Sa première trilogie, Artemis Fowl, fort sombre, proposait en guise de héros (anti-héros, plutôt) un gamin au cœur rongé par la haine qui allait se découvrir une humanité au fil des pages. Son nouveau personnage, Cosmo, est aussi un écorché vif. Cobaye dans son orphelinat, il ne survit que grâce aux sentiments de vengeance (vis à vis de ses bourreaux) qui l'habitent, et le maigre rêve d'un bout de soleil. Encore faudrait-il que le paysage le lui permette. Et c'est loin d'être le cas avec Satellite City, qui tient davantage du bubon urbain à la Blade Runner que de la petite ville de campagne. Bref, peu d'espoir, et ça ne s'arrange pas au fil des pages. Car pour survivre, Cosmo devra combattre, tuer, risquer sa vie. Pas de répit pour les héros chez Eoin Colfer !

Colfer signe ici un livre d'action où le but du jeu est de trouver le nid des méchants. Tout ne se révélera pas aussi simple, mais l'ambiance shoot'em up n'est pas loin. La technologie a la part belle, les scènes de combat sont très détaillées et tous les personnages sont d'une maturité effrayante. De quoi vous filer le frisson sur un futur pareil — à croire que l'auteur a pris parti de nous montrer le pire pour nous faire regretter le mieux. La ruse fonctionne-t-elle ? Le livre se lit en tout cas d'une traite et avec grand plaisir. Quant aux dernières lignes de l'ouvrage, elles présument d'une éventuelle suite. À bientôt donc, Cosmo !

Michaël ESPINOSA

Ça vient de paraître

La Maison des Jeux, l'intégrale

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 116
PayPlug