Benjamin PATINAUD
AU DIABLE VAUVERT
450pp - 23,00 €
Il est des livres qu’on aimerait aimer et où finalement, malgré un beau départ, le courant ne passe pas du tout. Le Syndrome Magnéto est typiquement de ceux-là. Pourtant, le sujet était plus qu’alléchant : comprendre la psychologie des antagonistes de la pop culture, et voir pourquoi ceux-ci nous séduisent parfois plus que les héros. Le tout en partant d’un des personnages les plus symboliques de ces quatre-vingts dernières années : Magnéto, mutant maître du magnétisme et adversaire — quand il n’est pas leur allié – des X-Men, aussi bien dans les bandes dessinées que dans les films et séries animées.
Hélas, trois fois hélas, l’auteur n’arrive pas à faire décoller son sujet. Oui, dès l’introduction, nous avons compris le parallèle entre Charles Xavier, le leader modéré des X-Men, et Magnéto d’un côté, et Martin Luther King et Malcolm X de l’autre. Ce n’était pas la peine de dérouler en long, en large et de travers dans quasi tout le livre. En y ajoutant en prime les figures de Nelson Mandela – avec une histoire de sa vie aussi fidèle à la réalité qu’Invictus de Clint Eastwood – et du Mahatma Gandhi. Côté « méchants » de la pop culture, durant les 3/4 du livre (voire les 4/5e), la pêche est maigre. Outre le mutant qui donne son nom au titre, nous aurons quelques vilains de la Batgalerie (dont l’une des seules femmes abordées, Poison Ivy), un Ozymandias de Watchmen, et deux ou trois autres noms issus de la sphère des comics. Dark Vador ? Sauron ? Inconnus au bataillon. Le Phénix noir (ou la force Phénix) pour rester dans les comics ? Non plus. Light Yagami (Death Note) ou autre personnage remarquable des mangas ? Encore moins. Et ne parlons pas des séries TV ou des jeux vidéo qui ne sont tout simplement pas mentionnés une seule fois. Il faudra attendre la toute fin et le chapitre « Patients célèbres » pour avoir des exemples un peu plus variés – avec, enfin, quelques méchants de chez Disney – mais traités de façon bien superficielle.
Superficiel, c’est bien la désagréable impression que laisse cet essai. Si vous avez dévoré la pop culture – et notamment les comics Marvel – depuis votre plus jeune âge, si vous avez gardé ne serait-ce qu’une oreille attentive en cours d’histoire-géographie, de sciences économiques et sociales ou de philosophie au lycée, Le Syndrome Magnéto ne vous apprendra rien. Si, en plus, vous aimez la science-fiction et que vous avez lu, au hasard, « Dune », « Fondation » ou plus récemment « Terra Ignota », vous serez même profondément agacé par les approximations, les affirmations péremptoires et le ton très oral de l’auteur. Sans parler de la forme qui ne facilite pas l’immersion en renvoyant dans la pratique tous les exemples un tant soit peu intéressant au dernier chapitre, et rabâchant les mêmes idées et personnages plus avant.