On connaissait Marianne Leconte directrice de collection : la mythique « Titre-SF » chez Lattès, qui publia entre autres Moorcock et Howard, mais aussi Shirley, Curval, Delany et Priest. On connaissait Marianne Leconte anthologiste, pour des volumes consacrés à Theodore Sturgeon ou à la Femme. Mais on ne la connaissait pas jusqu'à présent en tant qu'auteure, ou plutôt peu — quelques nouvelles ici ou là. Voilà qui est désormais réparé avec ce Temple du dragon, roman paru dans la collection jeunesse « Royaumes perdus » ; ce qui, finalement, ne surprendra guère de la part de quelqu'un ayant tant fait pour l'œuvre de Sturgeon, lui qui aura beaucoup écrit sur l'enfance.
Le principe de cette collection, rappelons-le dirigée par Xavier Mauméjean, est de proposer des ouvrages de fantasy dans des cadres mythologiques ou légendaires. Ici, c'est la Chine que Leconte choisit d'explorer, à travers une communauté de héros accomplissant une quête : on croisera donc une femme renarde, un vieux sage, une chamane, un lettré, un soldat déserteur… Tous vont devoir s'unir pour rétablir l'équilibre du monde : en effet le chi, l'énergie vitale, s'est figé, entraînant la Stagnation. Le monde dépérit, les gens meurent dans d'atroces souffrances. Rude mission que celle confiée à Allia et aux siens…
Le roman prend une forme canonique de la fantasy : constitution d'une équipe disparate, puis départ pour une quête semée d'embûches. Le jeune lecteur ne sera pas dépaysé par cette intrigue très classique et sans surprise, et pourra donc s'intéresser à ce qui fait le sel de ce livre : les références à la culture chinoise. La philosophie orientale est ainsi distillée à renforts de notes initiales et d'un lexique en fin d'ouvrage ; elle imprègne bien évidemment le roman, mais sans être trop prégnante. Marianne Leconte réussit ainsi à marier le rythme d'un récit d'aventure avec un exposé des croyances et coutumes chinoises pour au final livrer un Temple du dragon abouti. On reprochera simplement au livre certains personnages un peu stéréotypés et manquant de profondeur, mais ce n'est qu'un défaut mineur de cet ouvrage qu'on conseillera donc sans hésiter, en le recommandant avant tout aux plus jeunes.