Fin du troisième millénaire, l’humanité a essaimé dans le Système solaire, d’une Vénus terraformée jusqu’aux lointains objets transneptuniens. D’un côté, l’on trouve la Fédération des Planètes Unies, société hyper-capitaliste occupant la majeure part des mondes habitables et définie par un ensemble d’axiomes édictés au XXVe siècle, selon lesquels l’homme est fait pour se répandre et dominer. De l’autre, situé sur la Lune et deux des satellites de Neptune, c’est le libertaire Mouvement de la Pensée Rebelle, inspiré des travaux de Foucault, Derrida ou Deleuze. Au milieu de cette partie d’échecs multijoueur et multiplanétaire, il y a J.j. O’Truste, tueur à gage armé d’un antique colt .45, qui élimine les gêneurs sur ordres de son mystérieux patron, le bien nommé X. Après un contrat sur Miranda, J.j. O’Truste part se mettre au vert du côté de la ceinture de Kuiper. C’est sur la très lointaine Sedna qu’il est témoin du déclenchement d’une espèce de singularité, sorte d’explosion entropique à l’expansion inexorable qui provoque des mouvements de folie destructrice sur les mondes qu’elle croise. J.j. O’Truste sera-t-il l’homme de la situation ?
Vincent Jounieaux, pour son premier roman, ne manque pas d’ambitions et met bien volontiers ses pas dans ceux de Stephen Baxter, Alastair Reynolds ou Dan Simmons. De ce côté-là, c’est irréprochable. Aventure en cinérama aux dimensions du Système solaire, il y a dans Le Temps de la fin de l’idée ; des idées, même. Toutes ne sont pas nouvelles (terraformation, clonage), mais le discours sociopolitique qui sous-tend le roman tire l’ensemble vers le haut. On pourra cependant lui reprocher sa longueur, du moins quelques passages à vide où l’on perd de vue l’intrigue, pourtant riche en rebondissements, ainsi que de nombreux dialogues où le techno-jargon se fait un peu trop envahissant.
La collection « Rivière blanche » permet aux jeunes auteurs de faire leurs premières armes, et si on y trouve à boire et à manger, demeure l’excellence de l’initiative. Le Temps de la fin se range du côté des bonnes pioches, quand bien même ce premier essai de Vincent Jounieaux ne s’avère peut-être pas entièrement transformé, d’autant qu’après tout, rien n’indique que le suivant ne le sera pas, bien au contraire. Pour les amateurs de space opera, Le Temps de la fin peut valoir un coup d’œil curieux et bienveillant.