Il y a des gens qui écrivent pour lutter contre leur folie (Stephen King, Clive Barker par exemple). Il y a des gens qui écrivent pour faire passer un message (Toni Morrison, Russell Banks pour n'en citer que deux). Et puis il y a ceux qui écrivent pour gagner autant de pognon que Bernard Werber et Jean-Christophe Grangé réunis. Il faut croire qu'Henri Lœvenbruck appartient à cette troisième catégorie. Son « plan de carrière » est facile à décrypter : après une trilogie de fantasy médiocre appelée « La Moïra » afin que tous les lecteurs de Tolkien fassent crépiter leur carte bleue, le voici qui se lance dans le thriller catholique, histoire de montrer qu'il est un savant mélange d'Umberto Eco et de Iain Pears (ou, plus probable, un clone de Bernard Werber).
Le Testament des siècles, qui lance Damien Louvel et Sophie à la poursuite de la pierre de Iorden et donc, du dernier message du Christ, est taillé à la hache pour une adaptation cinématographique ou (plutôt) télévisuelle : psychologie proche du zéro, scènes d'action bidons, histoire d'amour aussi passionnante qu'un épisode de « Un gars, une fille ». Quant au style (écriture à la première personne, dialogues (inter)minables), il est d'une platitude à crever ; heureusement, c'est écrit gros et même en lisant en biais on n'en perd pas une miette.
Monsieur Lœvenbruck, permettez-moi un petit conseil pour le plan de carrière : arrêtez d'écrire des bouquins pour des à-valoir de merde et faites-vous salarier par Luc Besson comme scénariste de thrillers à 40 kilo-euros l'an, stock-options en sus… Ou plus fort : envolez-vous pour Hollywood. Miramax adore les thrillers bibliques à la con et depuis quelque temps Mel Gibson rêve du Christ en pleine bandaison, de Marie-Madeleine et tout le saint-frusquin. Si vous voulez l'adresse de Scorsese, on devrait pouvoir vous trouver ça…
Pendant que j'y suis, un petit conseil pour les lecteurs de Bifrost : plutôt que de lire un triste remake français (Le Testament des siècles), lisez l'œuvre originale : Le Tableau du maître flamand, d'Arturo Perez-Reverte.