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Les critiques de Bifrost

Le Travail du Furet

Le Travail du Furet

Jean-Pierre ANDREVON
ACTUSF
520pp - 20,00 €

Bifrost n° 82

Critique parue en avril 2016 dans Bifrost n° 82

Dans un futur proche, tout part à vau-l’eau et tout le monde s’en fout. Pour les plus pauvres ? Plus le moindre travail, une crise généralisée, juste l’espoir de vivre un jour supplémentaire. Pour les autres ? Ils logent dans leurs propres zones urbaines, chacun restant replié sur lui-même et son mode de vie… Pourtant, les choses vont bien du point de vue de l’État. Les statistiques le confirment, les maladies régressent de façon régulière. Le seul problème est la surpopulation. La solution trouvée est des plus extrêmes. On a mis en place un système juste et impitoyable : l’élimination annuelle de 40 000 citoyens choisis aléatoirement par un corps spécialisé, les Furets.

Le roman suit le flot de pensées d’un de ces Furets, qui traverse les diverses strates de la société pour accomplir son œuvre de mort avec une certaine créativité pleine de panache. Sa vie est simple. Il aime les vieux films et déteste à peu près tout le monde. Tuer ne lui pose aucun problème et il est un parfait rouage dans le système. Jusqu’au jour où, bien sûr, il finit par se poser les mauvaises questions, c’est-à-dire des questions tout court. Dont il cherche obstinément à obtenir les réponses. Quand on voudra l’en dissuader, les choses commenceront alors à sérieusement vriller.

Cette réédition d’un classique de la science-fiction française – avec une adaptation télévisuelle en 1993, puis en bande dessinée en 2004 – est une belle plongée dans un univers glauque et inquiétant. L’humour d’Andrevon pétille en même temps que giclent les éclats de cervelle. Les références cinéphiliques n’ont pas pris une ride, tandis que certains clins d’œil seront certainement plus obscurs pour les lecteurs qui découvriront ce texte de 1983.

ActuSF a eu l’intelligente idée d’enrichir le volume du synopsis d’une suite abandonnée, d’une série de nouvelles et d’un entretien avec l’auteur. Le tout forme un bonus copieux qui permet de prolonger l’expérience de lecture et d’attendre peut-être le jour où Jean-Pierre Andrevon relancera le furet à l’intérieur du poulailler.

Étienne BARILLIER

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