Je ne me souviens plus de l'identité exacte de la personne qui m'a dit que Le Voyage d'Hawkmoon d'Hawkwood c'est « super, de la bonne fantasy enfin », mais si j'avais ledit individu en face de moi, je me ferais un plaisir particulier de lui tirer l'oreille et de lui mettre le nez dans le caca la citation suivante : « L'ombre de l'eau, lumineuse, se gondolait dans ses orbites » (page 11), avant de lui faire démettre les quatre membres en place de Grève.
À dire vrai, si on fait abstraction des perles de traduction (seize incarnations du verbe être dans la seule page 125) et d'un début relativement foireux, ce roman est tout à fait lisible à défaut d'être passionnant. Tout commence par une pseudo Saint Barthélemy. Le clergé (méchant, forcément) prend en partie le pouvoir dans le royaume d'Hebrion (Hébrion aurait été plus heureux en français), les magiciens et autres rebouteux sont ainsi condamnés à disparaître (mort violente ou exil) ; à peu près au même moment, le cousin du roi, sorte de Christophe Colomb alcoolique frénétique, réussit à arracher à son souverain et néanmoins parent deux bateaux pour explorer le continent qui se trouve à l'ouest et dont personne n'est (évidemment) jamais revenu. Un de ces bateaux sera commandé par le noble Hawkmoon Hawkwood. L'équipage sera, par la force des choses, composé en grande partie de sorcières et de jeteurs de sort (avec une louve-garou en guise de cerise sur le bateau).
En fait, le plus plaisant avec ce magnifique ouvrage, et je ne m'en lasse pas, se trouve bien en évidence ; il s'agit de l'illustration de couverture (tout de même finaliste des Razzies 2005) et du quatrième de couverture, où l'on peut lire des phrases promotionnelles vraiment touchantes comme : « Une nouvelle voix forte et audacieuse dans le monde de la fantasy », Robert Silverberg ; et « Fresque épique en cinq volumes, écrite d'une plume particulièrement raffinée, Les Monarchies divines raviront tous les amateurs d'une fantasy mature, puissante et ténébreuse », l'éditeur (du moins le supposé-je).
Mégalo, comme d'habitude, j'aurais aimé qu'on me laisse un peu de place, ce qui aurait donné : « Vous adorez les quatre premiers Elric de Michael Moorcock, vous aimez La Compagnie noire de Glen Cook, et bien… vous n'aimerez probablement pas Les Monarchies divines de Paul Kearney. » Bon, il ne me reste plus qu'à demander un devis pour un sticker ou un beau bandeau rouge et faire le tour des trois Fnac parisiennes où survivent quelques exemplaires esseulés de l'ouvrage.