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Les critiques de Bifrost

Critique parue en octobre 1997 dans Bifrost n° 6

 

Voilà donc que nous retrouvons Wang, notre jeune héros Sino-Russe, à l'occasion de la sortie des Aigles d'Orient, second et dernier tome de la nouvelle saga SF signée Pierre Bordage.

Souvenez-vous : le monde est coupé en deux par le REM, une muraille électromagnétique réputée indestructible et infranchissable. À ma gauche l'Occident, plein aux as, riche de la misère de ceux de ma droite, j'ai nommé la république Sino-Russe et la Grande Nation Islamique. Nous avions quitté Wang tout auréolé de sa victoire sur le redoutable Hal Garbett, chef des forces américaines lors des 106èmes Jeux uchroniques. Nous le retrouvons plongé dans les tourments mortels des 107èmes, alors que, petit à petit, l'adolescent commence à prendre conscience de ses propres atouts et que se révèle à lui, impérieuse, une tâche dont-il se sent nouvellement investi : faire chuter le REM. Tandis que, dans l'ombre, oeuvrent des forces qui le dépassent de beaucoup…

On l'a déjà dit (in Bifrost 05), Pierre Bordage est sans doute l'un des espoirs les plus sûrs de la nouvelle SF française. Il possède toutes les qualités pour devenir un auteur de premier plan : un réel sens narratif, une conscience aiguë des ressorts de l'épique, qualités auxquelles s'ajoutent vraisemblablement un intérêt non feint pour la société, le monde dans lequel il vit — d'où l'intérêt prospectif de ses récits, une particularité qui nous permet de le rapprocher, notamment avec ce présent roman, d'un auteur comme Serge Lehman.

Wang est une saga, une belle, une grande aventure pleine de rebondissements. Ce n'est pas que ça, bien sûr. C'est aussi un avertissement, un message emprunt d'une profonde humanité, d'une sensibilité certaine. On l'aura compris, voilà un bouquin à lire. Toutefois ceci ne doit pas nous faire oublier que, au-delà des qualités évoquées plus haut, Wang n'est pas le chef-d'œuvre absolu dont on nous parle, ça et là, dans une certaine presse. Le texte est long, très long, parfois trop. Ainsi, au milieu de ce tourbillon d'aventures palpitantes, il arrive qu'on se surprenne à s'ennuyer. Rien de bien grave, qu'on se rassure, mais tout de même. Wang est à prendre pour ce qu'il est : la confirmation, après Les Guerriers du Silence, de la naissance d'un futur grand auteur, un écrivain de qui on pourrait bien dire, un jour, c'est un maître. Oui, un jour…

Olivier GIRARD

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