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Les critiques de Bifrost

Les Armes des Garamont

Pierre GRIMBERT
MNÉMOS
19,00 €

Critique parue en mars 1999 dans Bifrost n° 12

Le Troisième Monde est constitué de deux parties plus ou moins imbriquées, deux faces d'une même pièce : l'Ældo où vivent les Humains et les peuples alliés (les gentils), et le Maûne, univers de brumes et de ténèbres où résident des horreurs sans nom (les méchants, eh oui !), La magie des runes permet, entre autre, d'ouvrir des portes directes entre ces deux univers mitoyens. Parmi les symboles runiques, il en est deux particulièrement puissants et sensés s'annuler l'un et l'autre, véritables piliers du Troisième Monde et garants de son équilibre, la Malerune et l'Arcane. Ces symboles furent dissimulés par les dieux à l'aube des temps. Mal, n'importe où et n'importe comment, évidemment. En effet, dans les brumes du Maûne la Malerune a été découverte, et lue qui plus est ! Résultat l'équilibre s'en trouve rompu et le Maûne menace de détruite l'Ældo, des créatures ignobles se baladent partout, bouffent tout le monde. C'est le bordel, quoi. Naturellement la résistance s'organise en un but crucial, découvrir l'Arcane afin d'annuler les effets anarchiques de la Malerune. Que la quête commence !

Pierre Grimbert est un jeune auteur publié chez un jeune éditeur (les éditions Mnémos qui, si elles ne produisent pas toujours que du bon, font néanmoins preuve d'un réel esprit d'ouverture et de découverte en ayant, en une quarantaine de titres, constitué une « écurie » de jeunes talents parmi lesquels certains sont particulièrement à suivre — Colin, Kloetzer et surtout Calvo). Son premier roman, Le secret de Ji en quatre volumes, fut fort remarqué par la critique et connu un réel succès populaire que vinrent couronner deux prix, le Verlanger et le Ozone. Aussi son nouveau cycle, La Malerune, dont Les Armes des Garamont constitue le premier tome (sur un total de six !), était-il particulièrement attendu. Une attente qui, affirmons-le d'emblée, apparaît après lecture bien peu justifiée. Espoirs déçus ? Sans aucun doute. Et ce qui est le plus frustrant, c'est qu'on a la nette impression qu'il eût fallu peu de chose pour faire des Armes des Garamont un bon bouquin de fantasy épique. Simplement une once de temps, peut-être...

Grimbert a un certain style, ça ne fait pas de doute, comme il sait à l'occasion mener son récit et, de fait son lecteur, vers une tension passablement stimulante. Seulement Les Armes des Garamont est bien trop long (toute la première partie est suffisamment autonome pour être une novella et ce qu'elle apporte au reste du roman peut se résumer en dix pages plutôt qu'en cent trente), faiblement original, manque considérablement de rythme et fait régulièrement montre d'une écriture inachevée, immature. Jusqu'à la manie particulièrement irritante de l'auteur de s'évertuer à conclure ses chapitres par une accroche narrative ridicule... Dommage, car avec du retravail, ce roman aurait été tout à fait acceptable. Alors à qui la faute ? À l'auteur ou à l'éditeur ? Sans doute un peu des deux... Reste à souhaiter que la leçon portera ses fruits dès le second tome, qui pourrait bien être disponible au moment ou vous lisez ces lignes. Sinon...

Olivier GIRARD

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