Marcus SAKEY
GALLIMARD
514pp - 19,90 €
Critique parue en avril 2015 dans Bifrost n° 78
Premier volet d’une trilogie. Tout est dit : Les Brillants est la longue mise en place d’une intrigue qui n’explose véritablement que dans le dernier chapitre, le temps pour le lecteur de se dire qu’il devra attendre 2016 pour lire la suite. Que l’on ne se trompe pas : Les Brillants est un roman éminemment sympathique. Oui, sympathique : c’est bien cela. Tout dans ce livre fonctionne parfaitement. L’intrigue est sans réelles surprises, mais on la suit avec assez d’intérêt pour continuer à tourner les pages. La construction de l’ensemble est habile, évitant l’écueil du thriller qui s’essouffle une fois les prémices posées. Les personnages sont soit les salauds attendus, soit des héros torturés par leur mission et ses enjeux. Sans oublier une histoire d’amour contrariée.
Le point de divergence se situe en 1980, quand ont commencé à naître des Brillants. Des personnes qui ont développé en grandissant des talents leur permettant, selon les individus, d’être de géniaux mathématiciens, de sublimes musiciens ou des économistes incroyables. John Smith, lui, a choisi la voie du terrorisme, tuant un sénateur et entraînant les Etats-Unis dans une situation impossible. Comment vivre alors avec ces Brillants ? Comment être sûr de ne pas disparaître à terme ? Certains, à Washington, les considèrent comme des dangers pour la société, voire pour l’ensemble de l’humanité, rendue tellement faible par sa banalité génétique. Entre en jeu le DAR, organisme d’état bénéficiant de moyens colossaux, spécialisé dans la poursuite de ces criminels d’un genre nouveau. Nick Cooper est un agent d’élite, un des meilleurs « extincteurs de réverbère ». Il est lui aussi un Brillant, capable de percevoir les intentions d’une personne avant même qu’elle n’agisse.
Jusqu’à ce qu’un attentat terrible frappe New York et que Nick se propose d’être désigné comme coupable afin de pouvoir rejoindre les cercles terroristes, trouver John Smith et le tuer. A moins que la guerre civile n’éclate avant.
Il est possible d’être très sévère avec un tel livre. Les X-Men, Jason Bour-ne, les influences sont tellement nombreuses que l’on peut sans forcer lui reprocher son manque d’originalité. Est-ce un tort ? On peut s’autoriser à en douter. A défaut de révolutionner le genre de l’uchronie, Les Brillants s’avère être un thriller assez efficace pour qu’on se promette de jeter un œil à la suite.