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Les critiques de Bifrost

Les chants de Felya : L'intégrale

Les chants de Felya : L'intégrale

Laurent GENEFORT
CRITIC
495pp - 22,00 €

Bifrost n° 74

Critique parue en avril 2014 dans Bifrost n° 74

« Les Chants de Felya », trilogie de SF de Laurent Genefort que Critic réédite aujourd’hui en intégrale, est un planet opera total situé dans cet univers des portes des Vangks commun à de nombreux (quasi tous, en fait) romans de l’auteur. Les races spatiopérégrines s’y déplacent d’un système planétaire à un autre par le biais de portes spatiales gigantesques construites par les Vangks, peuple disparu bien avant qu’on ne découvre leur réseau (lesdites portes), toujours fonctionnel.

La planète Felya doit son nom aux serpents fels, omniprésents sur sa surface. Colonisée pour ses ressources minières, elle abrite, dans une inégalité extrême, des tribus primitives hostiles à la technologie et des colons travaillant pour les « multimondiales ». Impérialistes, brutales, ces firmes n’hésitent pas à déporter des populations entières pour exploiter leurs territoires. Les exterminations de tribus ne sont pas inconnues, même si des traités tentent de limiter les atteintes à la vie des primitifs. Mais ces traités ne disent rien de leur liberté, et les déportés deviennent, au mieux les ouvriers exploités de leurs bourreaux, au pire des prostituées ou des supplétifs indigènes.

Exilé de sa tribu pour en avoir violé la coutume, le jeune Lorin entreprend un long voyage, ponctué de dangers et d’épreuves, qui le conduira à rencontrer une femme, Soheil, issue d’une tribu adverse. Ces deux-là s’aimeront, et auront une fille qui finira par changer la planète Felya.

Il te faut savoir, lecteur, si tu dois lire « Les Chants de Felya », que si tu apprécies les planet opera de Pierre Bordage, ces « Chants » sont faits pour toi, ils en ont les qualités et les défauts. Revue :

Dans une dénonciation explicite des brutalités coloniales et des méfaits environnementaux et sociaux des firmes délocalisées, Genefort livre un récit rythmé, nerveux, qui se lit d’une traite. L’action y progresse par succession d’épreuves que doivent surmonter les protagonistes, les amenant à visiter une planète qu’ils connaissaient peu et entraînant le lecteur à leur suite. L’imagination de l’auteur est foisonnante, elle invite à plonger dans un écosystème riche et inédit, et à rencontrer des organisations sociales, souvent symbiotiques, fondamentalement étrangères et toujours adaptées — mention pour la tribu qui vit dans des méduses. On ne sait plus où porter son regard tant Felya est décrite dans sa singularité.

Dépaysement, action nerveuse et dénouement favorable, que demander de plus ?

Mais le roman a aussi les défauts de son volontarisme. La vision du monde, en deux blocs adverses et inconciliables, y est très manichéenne — même si, à l’intérieur des blocs, les choses sont un peu plus complexes, les sentiments y sont décrits de manière si idéale qu’elle semble parfois puérile, une sorte de féminisme naïf imprègne le texte. Les traits sont forcés, les personnages ne surprennent jamais tant ils collent à leur rôle ; en voulant dire le bien, le texte verse dans un didactisme de situation qu’on pourra trouver trop simple.

Vous savez tout. À vous de décider.

Éric JENTILE

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