Denis HAMON
AD ASTRA
258pp - 16,00 €
Critique parue en avril 2016 dans Bifrost n° 82
Avec Les Compagnons du Foudre, les éditions Ad Astra nous proposent de découvrir un nouvel auteur, Denis Hamon, qu’on imagine sans mal nourri de tout un pan populaire de la SF. Jugez en plutôt : alors que la Terre se remet très lentement d’un conflit planétaire dramatique qui l’a totalement ravagée, la plongeant dans une brume perpétuelle, l’équipage du Foudre, un vaisseau de contrebandiers, voit un jour une jeune femme littéralement tomber des cieux pour atterrir sur le pont et endommager le bâtiment. Muette et apparemment amnésique, cette dernière n’est pas en mesure de donner des indications sur son identité ni sur les raisons de sa chute. L’équipage – un vieux briscard bourru, un pilote parlant un langage démodé depuis plusieurs siècles, deux jumeaux blagueurs et une jeune fille mécanicienne – l’adopte et se met en tête de l’aider dans sa quête d’identité. Il faudra aussi composer avec les Taromanciens, cette dictature qui s’est emparée de la Terre et prône un régime des plus strict basé sur les cartes du Tarot. Des Taromanciens qui ont visiblement grand intérêt à récupérer la jeune amnésique…
Ce roman, publié dans la collection « Ad-Ventures », y a toute sa place. Et ce dès les premières pages, avec la description de cet équipage haut en couleurs où les personnages sont archétypaux au point d’en porter des noms signifiants : le vieux à qui on ne la fait pas s’appelle Sagace, le pilote Le Borgne… Il s’agit bien évidemment pour certains de surnoms, mais jamais on ne connaîtra leur nom réel, car cela n’a aucune espèce d’importance : chacun est défini par une fonction plus que par une identité (d’où un contraste évident avec la quête de la jeune femme échouée sur le vaisseau). On pourra d’ailleurs s’amuser à raccrocher cet aréopage à toute une ribambelle d’équipages mythiques de vaisseaux spatiaux ; pour ma part, j’ai pensé à l’équipage du Serenity, dans la série Firefly créée par Joss Whedon, mais on ne peut naturellement pas faire l’économie non plus de Han Solo – et de tant d’autres… L’utilisation de ces archétypes permet à Hamon de se concentrer sur l’essence même de son roman : l’aventure, dictée par un rythme qui ne faiblit pas, riche en poursuites spatiales ou combats au corps à corps, sans oublier la dose d’humour qui va bien. Peu de surprises ici, l’auteur s’inscrit dans la droite ligne de la SF populaire qu’il représente fièrement ; on se trouve de fait en territoire pour le moins balisé, mais Denis Hamon s’acquitte de sa tâche avec une sincérité et une conviction qui portent et font de ces Compagnons du Foudre un roman éminemment sympathique.