Connexion

Les critiques de Bifrost

Les Conquérants d'Omale

Les Conquérants d'Omale

Laurent GENEFORT
J'AI LU
15,00 €

Bifrost n° 29

Critique parue en janvier 2003 dans Bifrost n° 29

Serait-ce le challenge qui stimule Laurent Genefort ? Possible. Quoiqu'il en soit, avec Les Conquérants d'Omale, le second « Millénaires » (après Omale) de l'auteur, il nous livre une préquelle encore meilleure que le premier opus.

Les Conquérants d'Omale se déroule pendant les Âges Obscurs d'Omale et se compose de trois histoires distinctes dont les protagonistes ne se croisent jamais. Humains, Chiles et Hodgqins, les trois espèces intelligentes de la planète, se livrent une guerre sans merci depuis plusieurs siècles. Au centre, un territoire neutre où les armes s'appellent politique et diplomatie, et où un équilibre précaire semble s'être installé. Un équilibre menacé, car un complot se prépare. Sur le front Humains/Chiles, le Généralissime Haïdar organise une mission secrète qui pourrait bien faire basculer le conflit en faveur des humains. Une mission tellement secrète que même les soldats qui l'animent ne savent ni où ils vont, ni pourquoi. Ailleurs enfin, un groupe de cartographes est confronté à un phénomène d'une ampleur catastrophique : une plaque d'un noir de nuit en progression constante s'insinue entre Omale et son soleil, plongeant des régions entières dans une nouvelle ère glaciaire. Serait-ce tout simplement la fin d'Omale ?

Jusqu'à présent, le point fort de Laurent Genefort résidait dans sa façon de créer des mondes extraordinaires de complétude et de vie. Avec Les Conquérants d'Omale, il rajoute une dimension de plus à son talent et prend enfin l'envergure d'un véritable conteur. Avec son précédent roman, Genefort avait cantonné ses personnages dans une nef en perdition, nous coinçant dans un huis clos qui finissait par tourner en rond. Ici, le parti pris est radicalement différent et nous entraîne à la suite des protagonistes sur des milliers de kilomètres, nous permettant l'exploration d'une planète que nous n'avions pu jusque-là contempler que de haut. Les personnages sont de plus en plus intéressants, quoique encore un peu trop caricaturaux. Pas de temps mort dans ces trois aventures menées à cent à l'heure, avec un petit défaut cependant : l'histoire, ou plutôt les histoires dans ce cas, sont un peu longues à s'installer. Il faut dire, à la décharge de l'auteur, que passer d'un format poche calibré Fleuve Noir à un « Millénaires », avec tout ce que cela implique de place pour s'exprimer, a de quoi griser n'importe quel écrivain. Gageons qu'une fois les bulles de champagne digérées, Laurent Genefort atteindra la complète maîtrise de la gestion du rythme et du temps et donnera enfin la pleine mesure de son talent. Reste un livre qui se lit avec plaisir, assurément.

Sandrine GRENIER

Ça vient de paraître

La Maison des Jeux, l'intégrale

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 116
PayPlug