Début du siècle dernier, le Paris de la Belle Époque revu et corrigé par la magie… Contaminé par l'Outre Monde, celui des fées, dragons et licornes… Un univers sympathique mais menacé.
Louis Denizard Hyppolyte Griffont, mage du Cercle de Cyan et personnage principal, va se retrouver au cœur d'un faisceau d'événements majeurs. Emprunter un livre pour une amie et enquêter sur un tricheur de carte recourant à la magie vont le propulser dans les intrigues qui menacent le trône d'Ambremer, le royaume magique. Des aventures où il retrouvera sa femme, Isabel de Saint Gil, aventurière et cambrioleuse, espionne à ses heures…
Inutile de vous conter ici par le menu le roman dont l'intérêt tient dans les péripéties et autres rebondissements enchaînés avec un zeste d'humour.
Pierre Pevel, dont le Cycle du Sang (signé Jacq) fut ici chroniqué naguère par mes soins, se veut l'héritier des feuilletonistes du XIXe, Zévaco, Ponson Du Terrail et surtout Alexandre Dumas en qui il voit un maître. Griffont se joindra volontiers aux Pardaillan, Rocambole, Arsène Lupin et compagnie. En terme d'écriture, Pevel gagne son pari haut la main ; l'action se déroule toute seule, sans temps mort même si l'on n'assiste à aucune course poursuite en De Dion Bouton. Par contre se pose la question de savoir si l'introduction massive de fantasy dans le récit ne le boutera pas hors de la tradition du roman-feuilleton à laquelle il aspire. Ces éléments ne priveront-ils pas ce livre de la reconnaissance des amateurs nostalgiques des feuilletonistes ? Ce serait dommage…
Au chapitre des défauts, il faut reconnaître que l'intrigue de base, les rivalités pour la couronne d'Ambremer qui agitent l'Outre Monde et constituent la trame de fond du récit, sont très convenues. Au-delà des menaces sur le trône de la reine des fées que fait planer sa maléfique sœur jumelle, du thème manichéen ô combien rebattu du double maléfique, l'habillage est bien plus plaisant. La fin souffre aussi, et cruellement, d'un excès de conventions « fantasystes », avec des bons à la merci des méchants qui triomphent et le deus ex machina qui sauve la mise in extremis. Mais insistons sur le fait que ce sont les péripéties qui font de ce roman une indéniable réussite.
Dans la tradition du roman feuilleton, Les Enchantements d'Ambremer est un pur divertissement où la fluidité de l'écriture concourt à un réel plaisir.