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Les critiques de Bifrost

Critique parue en juin 2001 dans Bifrost n° 22

Voici le quatrième et ultime (enfin, espérons !) tome de la saga d' « Ender ». Et affirmons-le franchement : cette séquelle ne valait pas la traduction et seul le nom d'Orson Scott Card lui permettra de ne pas encombrer longtemps les rayons des librairies.

La planète où ont trouvé refuge les arbres-pères, les pequeninos et la Reine, est menacée de désintégration par la flotte du Congrès Stellaire depuis qu'il est avéré qu'elle abrite le dangereux virus de la descolada.

Ender, dont les forces déclinent, est pratiquement absent du roman : il s'efforce de maintenir en vie les enfants nés de son esprit par l'entremise des aiùas du Dehors (dans l'hyperespace), à savoir Peter et Val, répliques de ses frère et sœur tel qu'il en a gardé le souvenir. Il s'agit évidemment d'une image déformée, d'autant plus subjective que Peter concentre en lui les mauvais côtés d'Ender et que Val synthétise ses qualités humaines, son amour pour le vivant.

Tandis que Valentine, la vraie sœur d'Ender, et une équipe de chercheurs tentent de trouver un remède à la descolada, qui rendrait inutile l'intervention de la flotte militaire, Peter, assisté de Wang-Mu, tente de persuader, sur Vent Divin, un personnage susceptible d'influencer la décision du Congrès, lequel ne se fie qu'à l'opinion d'un sage qu'ils doivent aller trouver sur la planète Pacifica. De son côté, Val et Miro cherchent des planètes colonisables susceptibles d'abriter les vies menacées sur Lusitania. Ils ont un avantage sur le Congrès puisqu'ils sont les seuls à disposer de la technologie permettant de passer dans le Dehors et de rendre leurs voyages pratiquement instantanés.

Parallèlement à ces actions, on tremble pour l'intelligence omniprésente, Jane, l'IA alliée d'Ender, qui est menacée d'extinction depuis que le Congrès, devinant la menace, s'efforce de déconnecter les réseaux informatiques : Jane cherche un support assez vaste pour lui permettre de survivre. Par ailleurs, il s'avère que le virus a été fabriqué par une intelligence extraterrestre malveillante susceptible d'envoyer vers les mondes colonisés par les humains des saletés bien pires.

Cette suite d'intrigues pourrait ne pas manquer d'intérêt si Card ne s'était pas contenté de se parodier. Sa sensibilité vire à la sensiblerie, les tourments des personnages à la caricature ; les moments d'émotion sentent la guimauve et le style se fait sirupeux. Tout est bavard, long et ennuyeux. Les rebondissements même tournent au procédé : alors que le Congrès décide d'annuler son ordre de destruction, un militaire, pénétré du sens du devoir autant que d'orgueil, décide de désobéir. Suspense !

Soyons honnête : tout n'est pas raté dans ce roman, loin de là. La réflexion de Scott Card, présentée dans la postface, sur les nations périphériques et centrales, est intéressante mais méritait un autre traitement romanesque. Le lecteur est d'autant plus déçu que la trilogie lui avait laissé à ce jour un souvenir durable et ébloui.

À éviter.

Claude ECKEN

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