Vous aimez les westerns ? Vous ne crachez pas sur du fantastique d’inspiration amérindienne (du Nord comme du Sud) ? Alors Les Exilés de la plaine est fait pour vous. Préquelle des Canaux du Mitan, ce roman peut se lire indépendamment, même si l’on y croise certains personnages d’un roman à l’autre (de simples clins d’œil qui ne gênent en rien la lecture).
De façon très classique pour un western, Les Exilés de la plaine raconte l’histoire de Richard de Renan, dit Long-bras, ancien sorcier de guerre sur le vieux continent, et qui vit des jours paisibles dans la tribu de sa femme Chante-à-la-forêt. Son ancienne vie va se rappeler à lui quand un groupe de soldats vient le chercher pour enquêter sur des événements étranges en cours dans la plaine du Mitan, où normalement magie et esprits n’ont pas droit de cité. Commence alors une équipée à travers la plaine vers les montagnes au Nord, jusqu’à une fin qui n’est pas sans rappeler l’attaque de Fort Alamo – quoiqu’en moins tragique pour les assiégés –, où les exilés venus du vieux continent et de ses guerres vont devoir composer avec les autochtones, leurs coutumes et leurs esprits.
Attention, Alex Nikolavitch nous raconte un western de fantasy, mais il ne la joue pas «les cowboys contre les Indiens» de façon manichéenne. De chaque côté des combattants, on trouve des exilés et des autochtones, des humains et les esprits avec qui ils communiquent ou qu’ils contrôlent plus ou moins. Sans oublier manipulateurs et manipulés, en fonction des croyances ou des buts poursuivis.
Divisé en plusieurs actes, chacun reprenant un registre du western particulier, Les Exilés de la plaine joue avec les codes et les archétypes pour mieux les détourner et proposer un récit riche et dense, tout en restant parfaitement limpide. Et surtout sans temps morts, et moins mélancolique que le roman précédent dans le même univers. Ce qui le rend plus accessible et lui permet de dévoiler davantage d’informations sur les différents types de magie à l’œuvre ici, leurs fonctionnements et leurs limites. Les personnages, y compris des très secondaires comme Troche ou Melisse, bénéficient d’une réelle épaisseur, sans être simplement des «?gueules?», silhouettes figurant en arrière-plan de l’action principale. Le tout forme une belle aventure, idéale pour s’évader le temps d’une lecture. En attendant d’à nouveau hanter le Mitan, une fois prochaine?? Sans doute.