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Les critiques de Bifrost

Les Garçons de l'été

Les Garçons de l'été

Ray BRADBURY
FLAMMARION
264pp - 20,00 €

Bifrost n° 37

Critique parue en janvier 2005 dans Bifrost n° 37

Avec Les garçons de l'été, vous allez vous retrouver avec, entre les mains, un recueil de vingt-cinq nouvelles du maître Bradbury. Dix-huit nouvelles récentes, et sept inédites. N'allez cependant pas chercher ici des textes « de genre ». Avec seulement trois nouvelles flirtant vaguement avec la science-fiction (deux machines à voyager dans le temps, « Donnant donnant » et « L'Accumulateur F.Scott/Tolstoï/Achab », et un voyage sur Alpha du Centaure avec Laurel et Hardy), c'est plutôt du côté du réalisme magique et de la littérature générale qu'il faut aller chercher. Et encore, réalisme magique est une expression souvent trop forte, tant il faudrait plutôt parler de merveilleux, de rêve éveillé, de fantasmagorie.

Avec la délicatesse, l'humour et l'humanité qui caractérisent cet auteur, Ray Bradbury nous offre ici un recueil d'images, d'émotions, de mots. Une poésie douce-amère, une constatation sur le temps qui passe et les émotions qu'il recouvre, de l'enfance à la vieillesse et retour. Il donne surtout l'impression d'un travail de l'auteur sur la vie et les hommes en général. Non pas un arrêt, un regard en arrière après une longue vie bien remplie, mais plutôt une halte sur le bord du chemin, le temps de souffler avant de reprendre la route.

Certains textes sont de véritables perles poétiques, claires et limpides (« Filet de basket » ; « Le 19e trou »), d'autres ressemblent à des cartes postales (« Là où règne le vide… »). D'autres encore sont une succession de mots à la limite du compréhensible, un travail sur le langage poétique qui rend souvent le texte difficile à saisir, où le lecteur doit lutter pour trouver un sens, sens qui, malgré tout, lui échappe parfois (« One-woman show » ; « Les Bêtes »). L'humour n'est pas exempt, mais un humour blême, qui cache bien souvent l'amertume et la tristesse (« La Grande tournée d'adieu de Laurel et Hardy… » ; « Nettoyage par le vide »). L'œil et la plume de Ray Bradbury s'allient pour nous offrir un monde étrange et irréel, à la limite du fantastique.

Un recueil magnifique, qui défie le temps, à lire les rares fois où l'on est en paix avec le monde et avec soi, par une froide soirée d'automne au coin du feu. Un peu de frissons, et beaucoup de nostalgie.

Sandrine GRENIER

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