« La main de Dieu a touché Gerald Greyson et l'a rappelé à lui au sein de notre troupeau, entonna le pasteur avec toute la conviction requise. Mais la bonté qui est l'essence de Gerald Greyson… sera toujours parmi nous !
La musique d'orgue était presque insupportable. Quand les vagues sonores atteignirent leur crescendo, un homme écarta les rideaux et s'avança.
– Papa ! hurla Rita. »
La grande prêtresse du Cyberpunk est également une nouvelliste surdouée au registre impressionnant, passant successivement de l'épouvante intimiste au biscornu cybercomique, de l'horreur sordide à la grâce mystique.
Ainsi « Résurrections, prix raisonnables », l'un des sommets du recueil, rappellera par son ambiance « décalée » aux amateurs d'Aux frontières du réel, l'épisode-culte « Faux frères siamois ». Autres textes parmi les plus dérangeants, « La Poupée », ou que faire quand votre bébé a été remplacé par une affreuse chose en plastique, et « L’Étang », ou quand votre fille adore jouer près de l'endroit que vous haïssez le plus au monde… En revanche, Cadigan nous égare à nouveau dans son style cérébral « un-rien-prise-de-tête » avec « Le pouvoir du nom », ce qui n'exclut pas, après tout, que d'aucuns y trouvent un certain intérêt. Intrigues faibles, aussi, avec l'onirique « Les garçons sous la pluie » et l'apocalyptique « Vivre et mourir un peu », la fascination pour les ambiances l'emportant sur l'intérêt des histoires. Restent le très étrange remake du Roi pêcheur version Urgences, « Un pacte avec Dieu », plus confus que la légende originale ; l'amer « Dans le noir » où deux petits enfants se voient offrir (croient se voir offrir) une occasion sur laquelle bons nombres d'esprits médiévaux eussent, en leur temps, sauté à pieds joints… ; enfin le superbe et fulgurant « Une nouvelle vie ».
Bref un recueil sensible et réussi pour sa majeure partie : un très agréable moment en perspective pour vous autres, très chers lecteurs !