Nancy KRESS
POCKET
320pp - 8,30 €
Critique parue en novembre 2007 dans Bifrost n° 48
Vers 2030, suite aux méfaits de la pollution, la fertilité a chuté à un point tel que les familles en manque d'enfants adoptent des animaux. C'est dans ce contexte que Shana Walders, jeune appelée qui souhaite faire carrière dans l'armée, aperçoit dans un hangar, en organisant l'évacuation d'une zone dangereuse suite au déraillement d'un train transportant des produits toxiques, des singes dotés d'un visage humain. Son témoignage, loin de lui valoir les honneurs de la presse, ruine ses chances d'entrer dans l'armée, déjà vacillantes à cause de ses insubordinations causées par son caractère de cochon. Vivant cette radiation comme une injustice, Shana mène sa propre enquête, auprès d'un danseur de ballet classique dont les singes génétiquement modifiés sont le portrait craché. Elle trouve une aide précieuse auprès d'un médecin âgé qui n'en a plus pour longtemps à vivre et qui dispose des relations nécessaires pour vérifier l'exactitude de son témoignage.
On se doute, bien entendu, à quoi serviront des singes à visage humain. Nancy Kress pointe du doigt les aberrations auxquelles la société risque d'aboutir, sous la pression des événements et devant l'absence de morale des entreprises mercantiles. L'auteur préfère que les recherches posant des problèmes éthiques soient autorisées avec un cadre législatif précis garantissant la transparence et empêchant les dérives plutôt qu'interdites, ce qui conduit les entreprises peu scrupuleuses à ouvrir des laboratoires clandestins ou dans des pays peu regardants. Reste que les problèmes écologiques et les dangers des manipulations génétiques sont davantage survolés que traités dans ce roman, l'auteur ayant plutôt mis l'accent sur le côté aventureux de l'histoire.
Au final, cette enquête policière qui ne manque pas de rebondissements et reste agréable à lire ne dépasse pas le niveau d'un bon Fleuve Noir de l'époque, ce qui est déjà fort honorable. Toutefois, s'agissant de Nancy Kress, on regrettera qu'elle n'ait pas davantage fouillé son sujet.