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Les critiques de Bifrost

Les Oiseaux du Paradis

Les Oiseaux du Paradis

Oliver K. LANGMEAD
HACHETTE
304pp - 23,00 €

Bifrost n° 112

Critique parue en octobre 2023 dans Bifrost n° 112

Plus qu’une réécriture de la Bible, c’est une uchronie biblique que nous propose Oliver K. Langmead avec Les Oiseaux du paradis : et si Adam avait (vécu et) survécu car étant immortel ?

La légendaire lingua adamica est centrale dans le roman, puisque les protagonistes sont des animaux provenant d’Éden, qu’Adam a nommé. Problème, ce dernier a oublié l’adamique et les noms sont donc en anglais.

Les oiseaux du/de paradis (les deux peuvent se confondre en anglais) du titre font ainsi référence aux animaux et aux plantes, soit les deux familles de locataires d’Éden. Adam, qui navigue d’identité en identité, se trouve donc chargé d’une mission par Corbeau : retrouver Pie. En chemin, il croisera Corneille ou Chouette, mais aussi d’autres métamorphes plus terrestres, tous pouvant se fondre parmi les humains. Adam se retrouve en Écosse, opportunément (l’auteur est écossais). Là, l’intrigue se corse puisque d’excentriques aristocrates entrent en jeu et se révèlent plutôt compétitifs. L’objectif de tout ce petit monde : reconstituer le Jardin d’Éden.

Et Ève, dans tout ça ? Une partie d’elle est toujours présente, et sa trajectoire est décrite dans les souvenirs d’Adam. Sa mémoire constitue l’un des enjeux majeurs du roman, puisqu’elle lui fait grandement défaut, ce que l’auteur symbolise par l’image d’une couronne d’épines dans le crâne. Le clin d’œil est amusant, mais le coup du personnage (partiellement) amnésique avec un être aussi incroyable reste un peu facile. Cela permet néanmoins de découvrir que le couple originel a bourlingué dans ses péripéties passées, quoique toujours en Occident ou à proximité de la Méditerranée.

Au bout du compte, Les Oiseaux du paradis constitue une lecture qui navigue entre le surréaliste et l’irréaliste, agréable mais pas inoubliable. Quitte à investir la Bible en Imaginaire, on préférera – dans une tout autre approche, certes – L’Évangile selon Myriam de Ketty Steward (cf. Bifrost 105). Il n’en reste pas moins de belles formules sur la Nature, faune et flore confondues, qu’Adam observe avec passion et choie avec ferveur – mais pas au point d’être végan.

Mathieu MASSON

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