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Les critiques de Bifrost

Les Porteurs de cerveau

Les Porteurs de cerveau

Daniel S. MILO
LES BELLES LETTRES
242pp - 16,00 €

Bifrost n° 34

Critique parue en avril 2004 dans Bifrost n° 34

En 2007, à la mort du père, Daniel Neto retrouve sa famille, qu'il n'aime guère, à l'exception d'une sœur, pour assister aux obsèques. Le représentant de Deuil sur Mesure, venu présenter sa panoplie de funérailles, se remet vite avec la mère qui s'est hâtée de décorer la maison familiale à son goût, tandis que le fils, narrateur du présent journal commenté par le NIET (Nouvel Institut d'Ingénierie EThique), retourne à ses occupations qui consistent surtout à porter sur le monde un regard critique et acerbe et à courir après les seins plantureux.

Autour de lui, des personnes et des objets disparaissent, diverses marques de produits, tandis que de nouvelles lois venues simplifier le monde réduisent le nombre de catégories de combats de boxe ou de thèmes, ou limitent les personnages romanesques à ceux du XIXe siècle.

On l'aura compris, le roman oscille entre l'absurde et le surréalisme, dans une satire de notre société contemporaine où la diversité du choix est en lutte permanente contre la standardisation, qui le limite. Les aphorismes, maximes et autres traits d'esprit, souvent bien trouvés — mais là n'est pas la question —, abondent dans ce texte ; mais ils se multiplient jusqu'à étouffer le récit qu'on peine à suivre. Les remarques sentencieuses interviennent à tout propos au détriment de l'intrigue qui se déroule sans fil conducteur apparent. Il semble bien qu'on ait là un roman à clés dont il manque les serrures.

Dans la guerre entre « et » et « ou », « le "e" a rendu les armes sans conditions » lit-on page 189. Et le récit est malheureusement passé à la trappe au profit d'un discours aussi abscons qu'irritant, trop dense pour être digeste.

Le philosophe et historien Milo, qui a déjà publié divers essais remarqués, au lieu de passer au roman, aurait dû préférer le « ou » au « et ». On apprendra probablement dans une suite la raison pour laquelle les chiens échappent à cette simplification du monde, mais il est probable que devant un tel fatras le lecteur aura lui aussi opté pour le renoncement des tomes à venir.

Claude ECKEN

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