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Les critiques de Bifrost

Les Tambours du dieu noir

Les Tambours du dieu noir

P. Djèlí CLARK
L'ATALANTE
144pp - 13,50 €

Bifrost n° 103

Critique parue en juillet 2021 dans Bifrost n° 103

Phenderson Djèli Clark arrive en France auréolé d’un prix Nebula de la meilleure nouvelle (pour « The secretLife of the nine negro teeth of George Washington ») et de pas loin de 20 nominations aux principales récompenses américaines ces cinq dernières années. Et à la lecture des Tambours du dieu noir, qui réunit la novella éponyme et une autre nouvelle, on lui reconnaîtra très volontiers un talent certain.

À mi-chemin entre urban fantasy et steampunk, Les Tambours du dieu noir se déroule en 1880 à la Nouvelle-Orléans, dans une Amérique qui n’a pas survécu à sa guerre civile. On y suit Jacqueline « la Vrille », une gamine des rues de 13 ans, aussi débrouillarde que tête à claques, qui découvre par hasard qu’un complot menace la cité et ses habitants. Avec l’aide de quelques personnages locaux hauts en couleurs – une capitaine de dirigeable haïtienne, une paire de nonnes et une enfant sauvage –, elle devra faire en sorte qu’une puissante magie ne tombe pas entre de mauvaises mains.

P. Djèli Clark met en scène un casting presque exclusivement féminin dans une aventure fort bien rythmée, et plonge le lecteur au cœur d’une Louisiane bouillonnante de vie et de dangers, dont il rend à merveille toute la richesse et l’exubérance. En puisant dans les mythes et traditions haïtiennes, il confère à son univers une originalité bienvenue et fait de ce texte une lecture tout à fait réjouissante.

« L’Étrange affaire du djinn du Caire » qui lui succède est presque aussi réussie. L’action se déroule un continent plus loin et quarante ans plus tard. Fatma El-Sha’Arawi, agente spéciale du ministère égyptien de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, est chargée d’enquêter sur la mort suspecte d’un djinn. On retrouve ici la même énergie et le même dépaysement que dans le texte précédent, et un personnage principal tout aussi attachant. Tout au plus pourra-t-on regretter que l’action apparaisse un peu trop précipitée, les pièces du puzzle s’emboîtent un peu trop facilement. On aimerait se laisser transporter plus longtemps par les univers de P. Djèli Clark, distrayants au possible. Ça tombe bien, au moment où vous lirez ces lignes, L’Atalante aura publié son deuxième livre, Le Mystère du tramway hanté.

Philippe BOULIER

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