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Les critiques de Bifrost

Lignes de forces

Lignes de forces

Anne MCCAFFREY, Elizabeth Ann SCARBOROUGH
POCKET
7,70 €

Bifrost n° 7

Critique parue en janvier 1998 dans Bifrost n° 7

 

Anne McCaffrey est surtout réputée pour sa longue saga des Dragons de Pern, un planet opera qui a apparemment encore de beaux jours devant lui. Elle est également connue pour le cycle du Vol de Pégase, qui décrit une lignée d'êtres paranormaux qui devront d'abord s'intégrer, puis aider la race humaine à affronter les menaces qui la guettent. Lignes de forces est la suite tardive (en tout cas en France) d'un premier volume, Les forces majeures (en attendant le troisième et dernier volet de la trilogie prévu courant 98 : Le jeu des forces). La trame classique du planet opera décrivant un monde, ses ethnies, mœurs, faunes et flores ainsi que son histoire, s'enrichit ici d'un élément nouveau. En effet le personnage principal, la clef de voûte, jusqu'au prétexte même du récit, n'est autre que la planète Effem elle-même (Petaybee dans la version anglaise, un nom aux consonances telles qu'il aurait été difficile de les supporter jusqu'à la fin, merci la traduction !). Car cette planète fait plus qu'exister sous les pieds des personnages qui la peuplent, et c'est là où réside l'originalité, elle est sentiente (elle pense et cause, quoi !). Toutefois, les preuves de l'accès à la conscience de la planète Effem sont si minces qu'il est difficile pour Marmion Algemeine de prendre le pas sur son opposant, Matthew Luzon, tous deux envoyés par la Compagnie Minière, qui convoite ses richesses géologiques. Cet affrontement (un peu dilué dans le reste, il faut bien le dire) est l'occasion de découvrir le foisonnement des autres personnages, une multitude peut-être un peu trop envahissante. Ainsi, même pour un second tome, prendre un peu plus de temps pour replacer chacun dans son contexte n'aurait sans doute pas été inutile. On navigue donc entre le couple écolo Yana/Sean (qui possède la curieuse faculté de pouvoir se transformer en… phoque !), la sympathique mère Clodagh, ou bien encore Satok, sombre chef d'une communauté criminelle.

On le voit, l'auteur a su, ici encore, capitaliser ce qui fait habituellement sa force : la psychologie fine et attachante de ses protagonistes et de leurs relations, ceci peut-être au mépris de l'aspect science-fictif qui brille, en revanche, plutôt par son absence. Ce reproche est d'autant plus à imputer à l'auteur que l'on ne peut s'empêcher de penser que l'aspect « écologie globale » et « planète sentiente » n'est pour McCaffrey qu'un moyen, une astuce pour mettre en scène, certes avec toute la sensibilité qui la caractérise, des groupes humains en, interaction. (Pour le lecteur avide d'écosystème global mieux traité, on recommandera la lecture du roman Héritage de Greg Bear, récemment paru chez Robert Laffont.) S'il peut paraître suffisant pour un roman de Fantasy, ce profil d'écriture, renforcé par la plume d'Elisabeth Scarborough, semblera malgré tout un peu léger en Science-Fiction.

Jean-Félix LYON

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