Les romans islandais à paraître en français ne sont pas légion. Les récits de science-fiction islandais le sont encore moins. Voilà deux bonnes raisons pour se pencher sur LoveStar, premier roman d’Andri Snær Magnason.
LoveStar, c’est une multinationale, équivalent islandais des géants de l’informatique actuels comme Google, Facebook ou Apple. LoveStar, c’est surtout son fondateur, individu dont les idées ont révolutionné le monde : une nouvelle méthode de transmission des données basée sur les ondes des oiseaux, qui rend obsolète les moyens électroniques conventionnels ; ReGret, qui vous épargne les remords en prophétisant votre mort, voire la fin du monde, si vous n’aviez fait tel ou tel choix ; LoveMort, qui se propose d’envoyer les corps des défunts dans l’espace et de les faire se consumer dans l’atmosphère ; inLove, qui se charge de calculer quelle personne sur Terre est votre âme-sœur… etc. LoveStar est presque un dieu, et son prochain service se penche sur la question de la divinité, justement. Mais l’omniprésence de LoveStar n’est pas forcément du goût de tous, comme Indri?i et Si-gri?ur, un jeune couple follement amoureux, sûrement un peu niaiseux. Indri?i et Sigri?ur sont faits l’un pour l’autre, ils n’en doutent pas. Jusqu’à ce qu’inLove annonce à Sigri?ur que sa véritable âme-sœur est un Danois du nom de Per Møller. Le couple va tout faire pour lutter contre le calcul d’inLove, quand bien même le sort — ou plutôt les services de LoveStar — semble s’acharner contre Indri?i. Quant à LoveStar, il a déjà se-mé les graines de sa propre destruction…
« Rien n’arrête une idée » : avec LoveStar et son personnage-titre, qui préfère mettre au point une idée, aussi mauvaise soit-elle, avant que quelqu’un d’autre s’en empare, Andri Snær Magnason questionne fins et moyens dans une société hyper-technologique, miroir à peine déformé de la nôtre. Non sans humour, tragédie et fantaisie. Fantaisie, c’est le terme qui convient : l’amateur de hard science ou d’anticipation sociale en sera sûrement pour ses frais. Plus qu’un roman de science-fiction, où la partie science serait aussi légère qu’aventureuse (voire, disons, poétique), LoveStar rappelle par moment l’inventivité sans bornes à l’œuvre dans les romans de Boris Vian. De fait, le roman fourmille d’idées, mais laisse parfois l’histoire à la traîne : la romance contrariée entre Indri?i et Sigri?ur est racontée avec une nonchalance un tantinet dommageable, et l’on pourra trouver la résolution de l’intrigue entourant inLove peu convaincante. Il n’empêche : LoveStar demeure d’une lecture distrayante. Lecteurs de Baxter ou Egan, passez votre chemin. Amateurs de curiosités, vous savez ce qu’il vous reste à faire.