Dans Petit homme vert de Gallerne, les immortels héros de la conquête spatiale se suicident. Chez Curval, ce sont les immortels tout court qui désirent cesser de vivre. Ils doivent pour cela déposer une demande au temple du Trépas pour obtenir un permis de mourir qu'il est impossible ensuite d'invalider : passé le délai, n'importe quel citoyen a le droit de terminer le travail. Mais si Yorge, artiste en viande (son médaillon de perdrix est un chef-d'œuvre), décide d'en finir avec la vie, c'est peut-être parce qu'on lui a inoculé des idées de suicide…
Dans cette société d'après la Nue, le cataclysme nucléaire, l'humanité rescapée est rassemblée dans une seule ville protégée par une peau, un épiderme qui n'empêche pas d'avoir une éruption de boutons au contact de l'atmosphère. Pour éviter de nouveaux conflits s'est établie une Policratie (chaque membre est théoriquement propriétaire de la ville) qui ressemble davantage à un purgatoire qu'à un paradis. Les hommes ignorent cependant que la moitié de la population est composée d'androïdes pour pallier le manque de main d'œuvre et accessoirement permettre à l'humanité immortelle de se consacrer à des tâches intellectuelles et artistiques. En réalité, elle a sombré dans l'oisiveté et les androïdes commencent à se révolter.
MACNO, qui a pris les choses en main, découvre la nature du complot contre les immortels, révélation aussi ébouriffante que le reste du roman puisqu'elle n'est pas orchestrée depuis la Terre.
On reconnaît bien là le style de Curval, dont le récit est bourré d'images surréalistes (auxquels MACNO fait d'ailleurs allusion : il cherche à travers le temps l'appui d'un groupe d'artistes et de poètes de 1920 qui prépare la libération de l'homme par le rêve). Le roman regorge d'idées à tous les niveaux, ne se dépare jamais d'un humour en demi-teinte, bref, est un festival réjouissant pour l'esprit.