Dans la chronique du premier tome, on disait de Mage de Bataille qu’il ne fallait guère en attendre la moindre originalité, Peter A. Flannery s’inscrivant dans une tradition durable (en voie rapide d’assèchement, pourrait-on dire aujourd’hui) du roman d’apprentissage dans un monde de fantasy héroïque. Si l’intrigue et ses révélations sont éminemment prévisibles, si les personnages, au demeurent bien travaillés, restent semblables aux cohortes des leurs qui peuplent les romans de fantasy depuis plusieurs décennies, on reconnaissait à Flannery sa compétence pour nous faire partager les doutes, les angoisses et les exploits de ses protagonistes, et nous scotcher à la lecture de ce tome par une écriture dynamique et immersive. Comme le présent tome n’est rien d’autre que la deuxième partie du gros roman publié en un seul pavé aux États-Unis, rien de surprenant donc à ce qu’on confirme ce statut dans cette chronique.
L’histoire, bien évidemment, prend la suite directe du tome 1. On y retrouve Falco et les siens aux prises avec les Possédés et les Démons qui les gouvernent. La menace se précise, à tel point que le livre démarre sur la lutte de plusieurs Mages de bataille contre ces Démons, qui se conclut par la mort des défenseurs du monde libre. L’histoire est éclatée entre plusieurs lieux, et la lutte qui se concentre peu à peu implique de devoir gérer les distances entre les différents groupes de combattants. Flannery alterne ainsi la narration entre ses différents personnages. Ceci a pour effet de dynamiser encore plus l’intrigue, puisqu’aux actes de bravoure des combattants isolés se superpose un schéma plus global, géostratégique, de convergence. C’est bien évidemment assez classique en fantasy, tout tend à la fameuse bataille finale qui résoudra le sort du monde, mais Flannery se révèle assez doué pour orchestrer les événements, même si cela se fait au détriment de certains personnages qui voient leur temps d’apparition à l’écran diminuer drastiquement (ainsi, l’Émissaire, qui disparaît des ondes radar pendant de nombreuses pages au cœur du roman).
Flannery mène ainsi Falco Danté jusqu’au point culminant de son destin, quand le sort de son univers ne dépend plus que de lui, car tous les autres ont échoué. Falco saura se révéler plus forts que tous les Possédés réunis, que tous les Démons et que leur prince, le Marquis de la Douleur. Ce faisant, Falco mettra à jour certains agissements obscurs, et fera certaines révélations sur le passé. On me pardonnera de spoiler quelque peu l’intrigue, mais, à vrai dire, l’auteur lui-même l’avait déjà fait dès les premières pages de son roman.
Au final, Mage de bataille se révèle un parfait exemple de Big Commercial Fantasy : certes loin d’un roman innovant et audacieux, il propose une lecture de pur divertissement, de celle qu’attend un lecteur de BCF. Contrat parfaitement rempli : nul besoin de faire fonctionner les neurones à plein régime, il suffit de se laisser emporter, en reconnaissant à Peter A. Flannery un réel talent de conteur, lui qui s’acquitte de la tâche avec un vrai respect des codes du genre et visiblement un plaisir communicatif.