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Les critiques de Bifrost

Malboire

Camille LEBOULANGER
L'ATALANTE
256pp - 17,50 €

Critique parue en janvier 2019 dans Bifrost n° 93

Un an après sa très belle fantasy Bertram le baladin chez Critic, Camille Leboulanger est de retour à l’Atalante, où il renoue avec ses premières amours : le récit post-apocalyptique. Ceci dit, malgré une thématique similaire, Malboire est un roman très différent de son premier, Enfin la nuit. Moins paisible, cette histoire se déroule dans un futur indéterminé, longtemps après l’effondrement complet de la civilisation. Un univers de boue et de fange, dans lequel se débattent les derniers vestiges de l’humanité. Zizare est l’un de ces mange-terre qui hantent ces landes noyées. Pourtant, contrairement à ses congénères, il a gardé en lui une étincelle de conscience qui va l’amener à s’interroger sur son sort et sa nature. Au fil de ses errances, il va découvrir que le monde ne se limite pas aux marais toxiques et aux terres empoisonnées qui ont longtemps constitué son seul horizon. Certains s’y adonnent à d’absurdes cultes morbides, tels les Planches à Mort, ces surfeurs de l’Apocalypse qui attendent avec impatience l’ultime vague qui emportera tout sur son passage. D’autres, comme les Batras, sillonnent la région qu’ils pillent sans vergogne, s’accaparant le peu qu’il reste à posséder. D’autres encore, comme Arsen, la figure paternelle qui a ramené Zizare à la vie, sont les derniers détenteurs des savoirs d’autrefois et n’ont pas renoncé à faire renaître ce monde. Il y a enfin (et surtout) Mivoix, son âme sœur, sans qui le voyage dans lequel se lance Zizare n’aurait aucun sens.

Avec Malboire, Camille Leboulanger signe un roman somme toute assez classique, qui n’aurait guère été différent s’il avait été écrit cinquante ans plus tôt. Sa dernière partie, en particulier, a quelque chose de désuet dans son déroulement et dans ce que l’on y apprend de cet univers. C’est certainement l’élément le moins convaincant du récit. Avant cela, l’écrivain excelle dans la description de ce monde moribond. La Malboire et son environnement boueux, sa fange empoisonnée, est palpable tout du long, s’insinue dans chaque page du récit, constitue le premier et le principal adversaire auquel doivent constamment faire face ses personnages. Roman d’ambiance avant tout, Malboire s’avère une belle expérience de lecture, confirmant que Camille Leboulanger est un auteur à suivre, quel que soit le genre qu’il aborde.

Philippe BOULIER

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