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Les critiques de Bifrost

Malpertuis

Malpertuis

Jean RAY
ALMA
275pp - 18,00 €

Bifrost n° 87

Critique parue en juillet 2017 dans Bifrost n° 87

Le roman est assurément un des textes majeurs de Jean Ray. L’argument en est l’existence des dieux antiques qui vivent tant que des hommes croient en eux. Cassave, maître en sciences occultes, a fait capturer les dieux survivants de la Grèce sur une île de la mer Egée pour les enfermer dans Malpertuis, vieille demeure d’une ville du Nord, en leur prêtant apparence humaine. La maison devient le cadre de conflits féroces entre les dieux mobilisant ce qu’il leur reste de puissance? ; entre autres, la Gorgone et une des Érinyes se disputent l’amour d’un mortel, Jean-Jacques Grandsire.

Une lutte à mort…

Le roman se caractérise par la complexité de la structure narrative : les récits des différents narrateurs s’enchevêtrent et se complètent pour ne dévoiler que progressivement les éléments du mystère, dans un climat de terreur sans cesse relancée. Tous ceux qui parlent du mystère meurent, car ils enfreignent l’interdiction du Dieu chrétien d’évoquer ces savoirs impies. Le roman, par sa longueur même, permet à Jean Ray de développer un jeu d’annonces dans lequel des mentions apparemment anodines donnent des indications sur l’explication des faits mystérieux (la description de la chevelure d’Euryale permettrait de comprendre qu’elle est la Gorgone). Cependant, l’auteur égare autant qu’il avertit le lecteur, multipliant les fausses pistes. Jean Ray développe également des réseaux élaborés d’images, autour du regard et de la pétrification, qui redoublent efficacement la description des personnages et les péripéties du récit, en en accentuant la cohérence.

Joseph DUHAMEL

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