Oliver PERU
J'AI LU
672pp - 16,00 €
Critique parue en juillet 2013 dans Bifrost n° 71
Irmine et Helbrand sont deux assassins d’élite aux tarifs en rapport avec leurs talents surhumains. Survivants pour ainsi dire uniques des Arserkers, une race de guerriers surpuissants massacrés un siècle plus tôt par le roi unificateur du pays, ils doivent à leurs ancêtres leurs capacités hors du commun, de même que leurs yeux dorés, signes distinctifs entre tous. L’unique continent du monde, unifié depuis seulement un siècle, est en proie à une profonde dissension qui éclate en guerre civile malgré les manipulations machiavéliques et particulièrement abjectes du roi, pour qui la sauvegarde de l’héritage de son grand-père justifie les actions les plus viles. C’est au milieu de ce chaos naissant, à la faveur de la politique byzantine du royaume, que les deux frères se trouvent plongés dans le vaste complot fomenté sept ans plus tôt de manière surnaturelle et quasi divine par un mystérieux Arserker borgne…
Si le monde de Martyrs s’avère ne pas manquer de consistance, une profondeur magistralement servie par les illustrations et la superbe carte fournie, il n’en dégage pas moins, comme l’intrigue elle-même, un indicible ennui qui provoque, de façon assez insidieuse, un ralentissement du rythme de lecture, voire l’abandon du livre pur et simple.
Les clichés du genre succèdent aux événements peu crédibles, voire ridicules, ce qui nuit clairement à l’immersion du lecteur dans ce qui aurait pu être une belle fresque de fantasy épique.
Martyrs est néanmoins bien meilleur que le très brouillon Druide du même auteur (et même éditeur, en poche), mais ce dernier semble ignorer que l’écriture de romans est un art à part entière, manifestement fort différent de l’écriture de scénarios de BDs ou de films. Faire de belles cartes, agrémenter son roman de superbes illustrations, avoir de bonnes idées ne suffisent pas à faire un récit intéressant, loin s’en faut. Peut-être que, à l’instar du scénariste de Walking Dead, Oliver Peru devrait-il confier la rédaction de ses romans à un écrivain plus roué, et se contenter d’apporter les idées et l’intrigue ?