DAYLON
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
240pp - 17,00 €
Critique parue en janvier 2022 dans Bifrost n° 105
Roman ayant inauguré la collection « Courant alternatif » des Moutons électriques en compagnie de Aquariums de J.D. Kurtness, La Force de l’eau de Jayaprakash Sataymurthy, et Paradis, année zéro de Christophe Gros-Dubois (cf. critique in Bifrost n° 104), Mécaniques sauvages est aussi le premier de Daylon, auteur d’une poignée de nouvelles et surtout d’illustrations, en particulier pour Les Moutons électriques et, en son temps, la collection « Lunes d’encre » de Denoël.
L’action de Mécaniques sauvages se déroule à Paris, quoique pas tout à fait la capitale que l’on connaît. La ville est cernée par un immense désert et, pour autant que l’on sache, il n’existe rien au-delà. Rien que le désert et la ville ensablée, sous la lumière écrasante du soleil d’Amon. Un clan, les bien nommés Parisi, détient le pouvoir depuis des générations, notamment grâce à sa mainmise sur l’eau… mais la révolte couve au sein de la population. Employés de bureaux, cadres du pouvoir, machines sentientes et autres éléments perturbateurs n’auront de cesse de se croiser et se recroiser, jusqu’à ce que les tensions se libèrent.
Ce qui marque en premier lieu dans ce roman, c’est la langue : dense, sûrement trop, au point de nimber l’intrigue dans un flou artistique qui ne se lèvera pas. On devine l’influence de la pensée gnostique, avec les concepts de Pleroma et Creatura pour désigner le monde — suivant ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas –, mais les références vont chercher plus loin. Malheureusement, les personnages se réduisent à des silhouettes et les enjeux de l’histoire à peu de choses, à mesure que les pages se tournent. Ambitieux et déconcertant, Mécaniques sauvages peut aussi sembler prétentieux et assez chiant.
La collection « Courant alternatif » se veut « engagée et enragée ». Le fait est que, de rage ou d’engagement, on n’en trouve pas beaucoup dans le présent roman. Pour cela, il faudrait regarder du côté de La Volte, avec un ouvrage paru à quelques mois d’intervalle et qui brode sur des prémices semblables (une ville de Paris coupée du reste du monde, et où résonnent les accents de révolte), à savoir Melmoth furieux de Sabrina Calvo. Aucun doute, on lira plutôt Calvo.