Et voilà. 10000 ans après que les Shaa se sont taillé un bel empire interstellaire, le dernier de ses immortels, las de tout, vient de choisir la mort. Bon nombre de dignitaires de haut rang appartenant aux races naguère asservies auront l'honneur de le suivre dans son trépas. Ceci dit, ces événements ne devraient pas troubler outre mesure l'ordre établi et la Praxis, la doctrine impériale Shaa, saura sans doute se pérenniser.
Dans cette société aristocratique et clientéliste, le suicide de son protecteur n'arrange pas les affaires de l'ambitieux lieutenant Martinez, de basse noblesse mais de grande fortune. Après avoir dirigé avec succès mais néanmoins en vain la périlleuse manœuvre de la cadette Caroline Sula pour secourir un riche régatier, Martinez s'adonne à la vie mondaine de Zanshaa, la capitale. Il projette de marier l'une de ses trois pestes de sœurs à P.J. Ngeni, un dandy bon à rien. La famille Ngeni étant les protecteurs des Martinez. Sans parler de sa propre vie amoureuse…
Il est transféré de l'état-major où il comptait bien faire son trou sur le Corona, une frégate dont l'équipage vient de remporter la coupe de la flotte de football (anglais — précisons, l'auteur étant américain). Or, le Corona ne vit que pour le foot. Le capitaine assure les fonctions d'entraîneur tandis qu'un bon tiers des membres de l'équipage, notamment gradés et spécialistes, ne doivent leurs affectations et promotions qu'à leurs talents footballistiques. Les autres, dont Martinez, doivent supporter l'équipe, autrement dit, se taper le boulot et les gardes des footballeurs…
Le Corona est affecté sur Mégaria, QG de la 2nde flotte où l'amiral, une Naxide, a organisé une grande fête du sport à laquelle participe l'équipe du Corona. Martinez, lui, subodore qu'il se trame quelque chose. Pendant que les équipages et officiers sont à terre pour jouer au foot, les Naxides s'emparent de tous les bâtiments de la flotte occupés par les autres races de l'empire. Sauf de celui de Martinez, qui a eu le nez creux… Le Corona échappe de justesse à ses poursuivants et parvient à rallier Zanshaa, qui n'est pas tombée grâce à la perspicacité de l'amiral Jarlath.
La 1ere flotte de Zanshaa et la 2nde de Mégaria vont s'affronter dans une grandiose bataille spatiale comme on n'en fait plus depuis Edmond Hamilton. Caroline Sula, qui n'est pas Caroline Sula, aura le privilège de porter un rude coup à l'ennemi…
Mélancolie des immortels est un roman agréable, sans grande ambition autre que de faire passer un bon moment au lecteur, et teinté d'une légère ironie qui renforce l'amusement. On reste cependant bien loin des grosses farces parodiques telles que Bill, le Héros Galactique de Harry Harrison, etc. Ce livre pouvant donc également être lu au premier degré moyennant quelques impasses mineures. Même les mondanités sont rendues attrayantes, en rien ennuyeuses. Les flash-back sur le passé de Caroline Sula contribuent à construire un personnage intéressant. L'intelligence de ce roman ne le démarque des space operas les plus traditionnels et ringards que par sa dimension ludique. Sinon, ce ne serait que du David Weber, ce qui n'a rien d'un compliment… Ce premier volume d'une tétralogie de plus ne fera pas davantage date qu'il ne révolutionnera le genre. C'est un livre sympa mais il n'y a vraiment pas de quoi casser trois pattes à un canard. Pour le fun.