Jean-Michel CALVEZ, Ugo BELLAGAMBA, Jean LE CLERC DE LA HERVERIE, Laurent GENEFORT, Jean-Claude DUNYACH, Jonas LENN, Jean SONGE, Francis VALÉRY, Jean-François THOMAS, Bernard BLANC, Claude ECKEN, Lionel DAVOUST, Jean-Pierre HUBERT, Serge RAMEZ, Karim
LA DÉCOUVERTE
294pp - 18,50 €
Critique parue en janvier 2006 dans Bifrost n° 41
À l'heure où Mnémos semble avoir définitivement abandonné sa série d'anthologies francophones réunies par Richard Comballot, Daniel Conrad prend le relais chez La Découverte avec un projet S-F alléchant : dix-sept nouvelles par dix-huit auteurs francophones pour réfléchir sur demain. Alors que notre biosphère part en couilles, que les réserves d'énergies fossiles se réduisent comme peau de chagrin, que les OGM font leur apparition dans l'agriculture et l'industrie agroalimentaire et que tout un chacun regarde grandir ses mômes en se demandant s'ils vont seulement pouvoir boire à leur soif dans trente ans, voilà une anthologie qui promettait du croustillant ! Promettait, oui, parce qu'après lecture (éreintante), une seule envie perdure : foutre le bouquin dans une poubelle de papier recyclable.
Le volume s'ouvre par le récit de Jean-Michel Calvez, un non-sens en soit, cet auteur ( ?) n'étant à ce jour jamais parvenu à produire le moindre texte digne d'intérêt. Et « Les Iles de la tentation » de confirmer avec un truc qui n'a de nouvelle que le nom, sans enjeu, sans véritable personnage, ne racontant rien ou presque. Nous voici donc en page 25. À ce stade, connaissant Bellagamba, on se dit que nous allons vraiment entrer dans le vif du sujet. Las, l'auteur de « Chimères » (in Bifrost n°36, Prix Rosny aîné 2005), livre un récit qui n'est qu'une ébauche de nouvelle bâclée en une après-midi, à peine un synopsis, un truc qui, peut-être, développé, aurait donné quelque chose, mais qui en l'état se résume à un travail expédié ni fait ni à faire et, surtout, impubliable. Et pourtant… Vient le tour de Jean Le Clerc de la Herverie, avec douze pages dont on peine à croire qu'il soit possible de tenir si longtemps avec autant de vacuité. Au secours, Laurent Genefort ! Il nous faut donc attendre la page 50 et le texte de Genefort pour lire enfin la première véritable nouvelle du recueil, un récit pas vraiment passionnant mais qui offre néanmoins une vraie vision prospective et des enjeux politiques. Ouf. Qu'on se rassure, tout le reste sera à l'avenant, un chassé-croisé de textes s'échelonnant entre le nullissime (à ce titre, Bernard Blanc met la barre très haut) et le moyen (Ecken, Dunyach ou Songe), en passant par le médiocre (Lenn). Finalement, même les auteurs les plus chevronnés peinent à convaincre, n'était Jacques Barbéri, qui livre le meilleur récit du volume, dix pages ciselées, inventives, drôles autant qu'émouvantes. Seule réelle réussite d'un opus qui déçoit moins qu'il n'énerve, tant le sujet de départ laissait espérer une anthologie qui ferait date. On oublie, et ça sera facile.