« Imaginez les jumeaux maléfiques de Sherlock Holmes et du docteur Watson, et vous obtiendrez le redoutable duo formé par le professeur James Moriarty, serpent rusé d’une intelligence remarquable, aussi cruel qu’imprévisible, et le colonel Moran, violent et libertin. Ensemble, ils règnent sur Londres en maîtres du crime… » (4e de couverture).
Publié en France un an après le (pas terrible) Moriarty d’Anthony Horowitz, le Moriarty de Kim Newman est composé de sept nouvelles plus ou moins longues (entre dix-huit et cent pages), dont les titres résonneront sans conteste à l’oreille de l’amateur de Sherlock Holmes : « Un volume en vermillon », « Désordre à Belgravia », « Le Chien des d’Urberville », « Le Problème de l’aventure finale ».
Kim Newman, connu pour son immense Anno Dracula et son hallucinante érudition littéraire et cinématographique, se lance donc ici dans le pastiche holmésien en inversant totalement la perspective : à la place de John Watson narrant les enquêtes de Sherlock Holmes, c’est le tireur d’élite, chasseur de fauves et pilier de bordel Sebastian Moran qui nous raconte les méfaits du Napoléon du crime, James Moriarty, auteur bien connu de La Dynamique d’un astéroïde. Si les textes qui composent Moriarty sont dans l’ensemble sympathiques, il faut bien reconnaître qu’ils ne transcendent jamais leur dimension de divertissement pour experts ès Holmes et qu’assez vite, une légère lassitude s’installe si on décide de les lire dans la foulée. On peut d’ailleurs se demander quel pourcentage de lecteurs sera à même de jouir pleinement de l’impressionnante avalanche de clins d’œil, plus ou moins obscurs, à laquelle l’auteur nous convie ? Dénué de fantastique et d’éléments science-fictifs malgré un chapitre intitulé « La Ligue de la planète rouge », Moriarty n’est pas un livre steampunk, ce qu’il convient sans doute de préciser ici.
Au final : un divertissement à 28€, aouch !, souffrant d’une police de caractères trop petite et, pour tout arranger, de problèmes de traduction ponctuels… On conseillera aux lecteurs motivés d’acquérir l’édition numérique, bien moins chère, ou d’attendre une sortie poche, même si l’objet grand format – argenté sur tranche – est plutôt séduisant.