C'est avec des sentiments mêlés que je me suis penché sur ce nouveau roman du canadien anglais Robert J. Sawyer. Je n'avais guère apprécié Expérience terminale (J'ai Lu « SF »), son opus précédent (couronné par le Nebula), et le site Internet du bonhomme, quoique fourni, est un véritable festival de mauvais goût en matière d'auto-promotion. Les quelques nouvelles de lui que j'ai lues sont pourtant plutôt de meilleure qualité. Alors, Mutations ?
On est dans un futur proche qui pourrait être le présent. Le canadien français Pierre Tardivel, atteint d'une maladie dégénérative, la chorée de Huntington, se sait condamné à plus ou moins brève échéance. En attendant, il effectue des recherches sur le génome humain. Il rencontre Molly, dont les pouvoirs télépathiques font une sorte de marginale mais lui sont très utiles dans sa profession de psychologue. Ils s'aiment. Ils ont un enfant, Amanda.
Mais leur enfant n'est pas comme tout le monde. Pierre n'est pas son père, sous peine de lui transmettre le gène de la chorée de Huntington. C'est le professeur Klimus, prix Nobel et patron de Pierre, qui a fourni la semence. Bientôt, Amanda présente des retards d'apprentissage troublants.
Parallèlement, Avi Meyer, enquête pour retrouver “Ivan le Terrible”, un des pires bourreaux de Treblinka, tandis que Pierre est la cible d'une tentative de meurtre de la part d'un jeune néonazi…
Sawyer est certes un auteur habile, et les connaissances scientifiques qui charpentent l'intrigue m'ont paru crédibles, pour autant que je puisse en juger. Son roman se lit avec une grande facilité.
Oui. Mais le rajout de l'intrigue secondaire (la chasse au nazi) est inutile ; le dénouement, lacrymal, est navrant ; les coups de théâtre sont artificiels, les personnages à peine plus que des caricatures. Le tout paraît sortir d'un guide à l'usage du faiseur de best-sellers, et fait un tel usage des dialogues qu'on croirait parcourir le scénario d'un téléfilm américain.
Voilà un livre jetable, fabriqué plus qu'écrit. Idéal dans le train ou le métro. Laisser sur la banquette une fois fini — à l'intention d'un autre voyageur désireux de tromper l'ennui.