Odd (bizarre, en anglais…) est un jeune garçon viking. À l’âge de dix ans, sa vie bascule lorsque son père se noie au cours d’un raid en drakkar. Quelques jours après cette terrible nouvelle, Odd se blesse à la jambe avec une hache ; il aura besoin d’une béquille et restera boiteux pour le reste de sa vie. Lorsque sa mère se met en ménage avec un autre homme, Odd regrette de plus en plus son père et son ancien foyer. Au point qu’il décide de se retirer dans la veille cabane au fond des bois, où son paternel aimait venir sculpter le bois. Croisant un renard non loin de la cabane, il décide de le suivre. Celui-ci le conduit à un ours coincé entre deux arbres. Odd le sauve, et apprend que ces deux animaux, et même trois, puisqu’ils sont accompagnés d’un aigle, sont en fait les dieux d’Asgard, Odin, Thor et Loki, qui ont été chassés par les géants de glace. Le règne des géants sur Asgard explique en outre le fait que l’hiver persiste, et que le printemps tarde à se montrer… Odd décide donc d’aider les dieux à récupérer leur royaume. Il traverse Bifrost (sic !), le pont entre le monde des hommes et des dieux, et part pour une quête qui le changera à jamais.
Bien que l’on soit face à un conte pour enfants (jusqu’à dix ans environ – c’est un peu simple pour des ados), on retrouve dans ce livre certains thèmes qui ont fait la réputation de Neil Gaiman, dont le panthéon des dieux nordiques (difficile de ne pas penser à American Gods) coincés dans le monde des humains. L’auteur arrive à faire vivre tous les personnages de ce conte, à les rendre attachants, son écriture fluide et très tendre convient à merveille au format de ce type de récits. L’histoire reste classique dans ses thèmes – la quête du jeune héros rejeté par les siens qui reviendra grandi –, mais la maîtrise narrative de Gaiman est telle que le plaisir de lecture demeure constant.
Bref, un cadeau parfait pour un jeune lecteur débutant, mais dont la limpidité narrative ne manquera pas de séduire tout amateur d’Imaginaire plus capé. Il convient d’ailleurs de signaler que l’éditeur (Albin Michel) propose un fort bel objet : jolie couverture dans les tons bleutés, gravures illustrant chaque chapitre.