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Les critiques de Bifrost

Olium – La constellation du diadème

Kevin J. ANDERSON, Brian HERBERT
ORBIT
448pp - 22,50 €

Critique parue en avril 2013 dans Bifrost n° 70

Bon. Pour être tout à fait honnête, à la réception de l’ouvrage à chroniquer, difficile de s’empêcher de lutter contre certains a priori, histoire de traiter le sujet correctement, entendez, avec le plus d’objectivité possible. Parce que oui, nous sommes des humains chez Bifrost, si, si ! On a, nous aussi, nos préjugés, nos faiblesses, et il est parfois difficile de les garder à distance. D’abord il y a l’éditeur, Orbit, dont les choix et le positionnement sur le marché du livre n’est pas sans rappeler celui d’un autre grand nom de l’édition souvent égratigné dans ces mêmes pages. Ensuite, il y a le livre lui-même. Pas loin de quatre cent cinquante pages, en grand format, tapé en caractères huit et cent deux chapitres ! Avec la bonne petite citation racoleuse : « Un space opera qui égale les meilleurs du genre », selon SF Chronicles. OK, super ! Et enfin les auteurs. Brian Herbert & Kevin J. Anderson, ceux de la franchise « Dune ». Cycle à rallonge, planche à billets évidemment, libéralisme oblige. On aime ou on n’aime pas, mais en tout cas il n’y a aucune unanimité sur ces deux messieurs. Heureusement, la quatrième de couverture est plutôt sobre et il y a surtout l’illustration de Manchu dont le travail est toujours aussi bon. Cette planche étant particulièrement réussie, presque vertigineuse. Sauf pour ceux qui n’aiment pas le bleu… Bref, on se lance.

Le général Tibère Maximilien Adolphus mène une révolte militaire contre la gouvernance corrompue de la constellation dirigée par le machiavélique Diadème Michella. Supérieure en nombre et en puissance, l’armée rebelle devra pourtant s’incliner face à l’éthique militaire douteuse que lui oppose le Diadème. Prix de la défaite, le général Adolphus et ses rebelles sont exilés sur Fendelhofer, le Fond de l’Enfer, planète stérile de la Zone Profonde dévastée quelques siècles plus tôt par un astéroïde. Chef de guerre respecté de tous, meneur d’hommes reconnu, Adolphus va tout mettre en œuvre pour dompter ce monde et finalement y installer une communauté dans des conditions de vie acceptables. Car l’hostilité de la planète cache en son sein des ressources rares et prisées par la Constellation, mais aussi, peut-être, le secret d’une civilisation extraterrestre disparue (?). Voilà pour le pitch. Les auteurs nous y ont déjà habitués et ce roman n’y coupe pas : il souffre de quelques longueurs. On aime les textes ciselés et celui-ci aurait mérité un bon scalp d’au moins cent pages. On n’échappe pas non plus à quelques descriptions stéréotypées : certains personnages sont attendus, voire convenus, les idylles sont transparentes, les intrigues… Vous avez dit intrigues ? Et pourtant, oh magie, l’ensemble se tient finalement assez bien. Comme quoi, il y a un savoir-faire certain, il faut bien l’admettre et pourquoi pas l’apprécier. A titre d’exemple, on reconnaitra à Herbert & Anderson un réel talent de créateurs de monde. Une écriture croisée très visuelle qui nous plonge rapidement dans l’univers d’Olium. Cela parait simple, comme ça, mais ce n’est finalement pas si courant. On n’est pas ici dans un roman d’envergure sociologique, politique, intellectuel… mais bien dans un space opera de loisir. Et il n’y a rien de dénigrant dans ce propos. Juste un constat. Du bon et du moins bon, donc, mais au final on se laisse agréablement attraper. C’est peut-être ça la vraie difficulté pour le lecteur de SF. Accepter de se taper un quintal de cheval par mois en pensant que c’était du bœuf (ah, ah, ah) ; de temps en temps, se laisser surprendre par des textes simplement plaisants, et rarement, mais heureusement encore, de temps en temps, se faire littéralement scotcher par des auteurs puissants et exigeants : Peter Watts, Lucius Shepard, George R. R. Martin, Ian McDonald… Ni le meilleur du genre, ni le plus mauvais, Olium se trouve en milieu de peloton. Un bon livre pour un moment de lecture de détente. On verra pour la suite…

Hervé LE ROUX

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