Neil GAIMAN, Douglas ADAMS
FOLIO
368pp - 9,90 €
Critique parue en juillet 2004 dans Bifrost n° 35
Même s'il ne désirait pas n'être que l'auteur du Guide galactique, Douglas Adams aura été étiqueté comme tel, car disparu trop tôt pour avoir le temps de développer des œuvres aussi puissantes et remarquables que sa célèbre trilogie en cinq volumes. Il est vrai que celle-ci a été développée sur tant de supports, souvent assez succès mais aussi avec des échecs retentissants, qu'elle ne pouvait qu'éclipser ses autres écrits. Le détective Dirk Gently, après deux enquêtes saugrenues, était prometteur, mais sa carrière s'acheva en plein milieu du troisième opus.
Ce livre n'est pas une biographie de Douglas Adams (on se reportera pour cela au livre qui lui fait pendant, Fonds de tiroir, où, en vingt pages, Nicholas Wroe en dit plus sur le personnage que Gaiman sur 350 pages) mais l'histoire de la carrière mondiale du Guide Galactique, depuis les débuts artisanaux à la radio jusqu'aux éditions dans de nombreuses langues en passant par les adaptations télévisuelles, cinématographiques, CD-Rom et autres. On y voit un Adams soucieux de préserver l'unité de son univers, cherchant à intervenir à tous les niveaux, allant jusqu'à apprendre l'informatique (et perdre beaucoup de temps dans les jeux) pour adapter le jeu vidéo du Guide.
Pour mieux coller à l'esprit de l'œuvre, Neil Gaiman s'efforce d'adopter, quand le discours s'y prête, le même humour loufoque, ce qui permet de ne pas trop s'endormir dans les passages ennuyeux d'embrouilles de studios et de réunions de collaborateurs émaillant les péripéties de cette aventure galactique.
Cet ouvrage est avant tout destiné aux fans de la série, même si la genèse de l'œuvre ne manque pas de piquant. Adams savait perdre son temps : il s'adonnait à ses distractions et sa gadgétomanie avant de devoir travailler dans l'urgence, parfois enfermé dans un hôtel sous la surveillance d'un éditeur jusqu'à ce qu'il livre la mouture finale du projet en cours. On en retire l'impression d'un homme qui, pour pouvoir paresser, était sans cesse sous pression, un paradoxe qui convient parfaitement à l'auteur du Guide galactique !