Après des années d’abus, Violette a fait du mal à son beau-père. Dans un accès de rage, elle a transformé son sexe masculin en bouillie. Sans les mains, sans même le toucher. Ça a fait « splotch », un bruit mouillé et gras de ce genre, puis il s’est mis à hurler. Terrifiée, elle a fugué, mais résultat elle se retrouve maintenant dans la merde. Alors qu’elle erre dans un centre commercial, peu de temps après son départ, elle est abordée par un jeune homme, un lourdingue, un dragueur bac -7 aussi collant et horripilant qu’un moustique nocturne. Sur le point de lui faire subir le même sort — explosif — que celui de son beau-père, deux femmes interviennent et l’exfiltrent. Recueillie par une improbable sororité de féministes vengeresses, Violette découvre qu’elle est une phaller, une super-héroïne capable d’émasculer un agresseur par la seule force de sa colère. Et elle n’est pas la seule dotée de ce superpouvoir. C’est quelque chose qu’elle partage avec toutes ses nouvelles amies. Ensemble, pourront-elles changer le monde ?
Court roman rigolo, ponctué de scènes absolument hilarantes, Phallers est une lecture tout à fait recommandable. Chloé Delaume y multiplie les références. Le titre vient du Scanners de David Cronenberg (1981). John Carpenter est cité pour son inoubliable bande-son d’Halloween. Spiderman est convié pour l’éthique. Carrie pour l’ambiance fête de fin d’année qui va finir dans le sang. Etc. On pourra juste reprocher à l’autrice une ou deux formules pataudes qui, ici ou là, tranchent avec son inventivité langagière. Dépassant le côté jouissif, outré et cathartique de son projet emasculopunk, l’autrice met à plusieurs reprises le doigt là où ça fait mal. Et en fin de compte, l’ensemble, bien qu’excessif, se révèle plus subtil que son pitch le laissait supposer, tout en restant absolument énergique (format court oblige, 145 pages) et grand-guignol (on ne compte pas les bites, zgeg et autres chibres qui explosent, implosent ou se transforment en éjaculats de viande hachée ; on ne compte pas, mais on pourrait). Les lectrices de Virginie Despentes (King Kong Théorie) devraient adorer. Messieurs, vous risquez fort de ressasser cette formule bien sentie : « Céder n’est pas consentir. »