Les éditions ActuSF font oublier leur petite taille par leur capacité, semble-t-il infinie, à surprendre agréablement les lecteurs friands de fraîcheur que nous sommes. Ce réjouissant petit opus sera donc offert jusqu’à épuisement du stock pour l’achat de deux volumes papier de l’éditeur en question, qu’on ne remerciera jamais assez pour ces trois textes délicieux agrémentés de deux petits « shots » qui ne sont pas non plus sans saveur…
« David Bowie. Pas le musicien, l’acteur. Avez-vous vu The Man Who Fell to Earth ? Bowie sera parfait en Roy Batty. En tous cas, à moi, il fait très peur. Imaginez-le entièrement moulé de latex en train de démolir à coups de brique le minois de MacLachlan. » – in « Philip K. Dick goes to Hollywood »
Telle est l’idée de casting dont fait part Philip K. Dick au réalisateur chargé de porter à l’écran « Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques », à savoir le jeune Ridley Scott David Lynch avec lequel il entretient une correspondance abondante et endiablée. Léo Henry rend terriblement bien le côté embobineur intersidéral de Dick qui, tour à tour, brûle d’enthousiasme et se congèle de désillusions. Du grand art !
« Car qui est Lennon, en réalité, si ce n’est une seule facette de ce diamant noir ? Postado insolent et compositeur génial, leader et farceur, poivrot, assassin et séducteur. Radical et putassier, hors norme et conformiste : John Lennon est au moins autant les Beätles que Lemmy Kilmister. » – in « Meet the Beätles »
Eh oui ! Une fois McCartney six pieds sous terre, la basse des Beatles revient à ce fou furieux de Lemmy après une soirée bien arrosée. Un entretien avec John Lennon, réalisé bien des années après sa sortie de prison, révèle ce que fut la grande équipée des Beätles, surnommés à juste titre « groupe le plus fort du monde », un groupe qui ne laissa finalement aucune place à quelque autre courant musical. Le récit est jouissivement réussi, même si la logique qu’il déploie peut laisser les amateurs de McCartney quelque peu perplexes. (Mais reconnaissons que Lemmy aurait sans doute pu remplacer Lennon au pied levé.)
« Fischer peut tout simplement être considéré comme le plus grand joueur d’échecs de tous les temps » – Gary Kasparov
Avec « Fe6 !! », Léo Henry signe ici un texte qui, jusqu’aux derniers paragraphes, pourrait passer pour un scrupuleux résumé de Bobby Fischer Goes to War, récemment adapté au cinéma sous le titre Le Prodige. Quand tout à coup… le coup de massue ! Très fort.
« “Le rock’n’roll ? ”, demande Ringo. “Ne jamais cesser de franchir la limite.” » – in « Meet the Beätles »
Léo Henry confirme son formidable talent sur un format court. Son érudition lui permet les manipulations les plus audacieuses et son imagination diabolique déclenche des rires sonores à force de franchir la limite. Un écrivain hyper rock’n’roll, quoi.