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Les critiques de Bifrost

Pierre-Fendre

Brice TARVEL
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
272pp - 19,90 €

Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90

Un château absolument gigantesque. Grand comme un monde. On y naît, on y vit, on y meurt, mais on n’en sort pas ! Les salles y sont si vastes qu’elles abritent des pays entiers et autant de saisons. Viridis, le printemps ; Chaloir, l’été ; Feuilles-Sèches, l’automne, et Pierre-Fendre, l’hiver. L’hiver où dort la Sommeilleuse qui rêve ce château-monde, dit-on…

Tout pourrait être bien ainsi et continuer encore et encore… Mais voici qu’un couple gay, Dulvan et Garicorne, se met en tête de changer cela, d’abattre les remparts de ce château qu’ils vivent comme une prison, entendant pour ce faire éveiller la Sommeilleuse. Tout le monde ne goûte cependant pas à l’idée de liberté que pourrait offrir l’accès au Grand Dehors. Comme nul ne sait ce qu’il en est du Grand Dehors, certains craignent qu’une terrible catastrophe ne vienne s’abattre sur leur monde tandis que d’autres, plus simplement, redoutent que leur confortable situation ne se voie remise en question. Ainsi, la sœur de Dulvan, Aurjance, se lance, en compagnie de son amie Farille, aux trousses de son frère afin de lui faire entendre raison. La grosse sorcière Murdoche, accompagnée d’une gamine à tout faire plus ou moins débile nommée Clabousse, du Bandit Yuk Long Renard et de ses acolytes bientôt rejoints par le jeune forgeron Fauric, engage également la poursuite des deux damoiseaux… Et tout ce joli monde se poursuit à qui mieux mieux de rencontres en aventures.

À l’instar de nombre de ses confrères, Brice Tarvel recourt à une triple ligne narrative, histoire d’allonger la sauce. On suit tour à tour Dulvan, Aurjance et Murdoche, dont les divers accompagnateurs n’ont nulle autre justification de leur existence que de donner prétexte à des dialogues, pour délayer la sauce. Pour les uns comme pour les autres, les péripéties s’enfilent comme les perles d’un chapelet.

Selon une mode qui semble sévir depuis quelque temps déjà chez les Indés de l’Imaginaire, Brice Tarvel, comme Gregory Da Rosa (Sénéchal) et Olivier Bérenval (Nemrod), s’emploie à « torsionner » un vocabulaire qu’il eut pu se contenter de tordre dans le dessein de conférer au texte une impression d’ailleurs. C’est plus varié que Da Rosa, mieux inspiré que Bérenval, mais, si ça ne gêne guère, ça n’aboutit pas davantage.

Voici donc un livre d’aventures à lire à toute vitesse pour passer un moment avant de l’oublier, tant on est au niveau zéro de la problématique…

Jean-Pierre LION

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