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Les critiques de Bifrost

Pirate de lumière

Lily BROOKS-DALTON
GALLMEISTER
400pp - 24,90 €

Critique parue en octobre 2024 dans Bifrost n° 116

Situé dans un futur très proche, Pirate de lumière raconte en parallèle la vie d’une jeune fille, Wanda, et la transformation de Rudder, la petite ville de Floride où elle habite, sous l’action des ouragans que le dérèglement climatique multiplie. La première partie décrit l’une de ces tempêtes, survenue le jour même de la naissance de Wanda. Dans la suite, on assiste aux efforts désespérés des derniers habitants pour maintenir un semblant de normalité malgré les soubresauts de la météo et la montée des eaux ; enfin, lorsque le combat semble perdu, on découvre comment les rares personnes qui n’ont pas fui s’adaptent à un environnement transformé où la nature reprend ses droits tandis que se retire la civilisation.

Ce roman paraît mal calibré pour séduire un lectorat déjà familier des genres de l’Imaginaire : le thème du dérèglement climatique a déjà été largement traité dans d’autres œuvres avec davantage de profondeur et, si le rôle important joué par une biologiste semble orienter un temps le récit vers la science-fiction, on se retrouve assez vite dans une sorte de fantastique light : aucune explication n’est apportée à l’étrange pouvoir de l’héroïne, et la fin du récit dérive vers une vision simpliste, à la limite de la pensée magique, de la théorie de l’évolution. L’intrigue elle-même est minimaliste, et les retournements de situation ne surprendront que les plus candides. Le principal intérêt de Pirate de lumière réside in fine dans l’approche assez optimiste des conséquences du dérèglement climatique. Dans un monde bouleversé où la nature se réapproprie le territoire, Lily Brooks-Dalton décrit comment une partie de l’Humanité, résignée à son sort, pourrait réussir à s’adapter au changement à venir. Malgré quelques accents survivalistes, le roman offre ainsi une variante apaisée d’un thème classique du post apocalyptique.

Hélas, la forme ne parvient pas plus à convaincre que le fond : l’autrice rabâche beaucoup, insiste lourdement sur des informations déjà données trois lignes plus haut, et son style n’est pas exempt de quelques incongruités que la traduction ne parvient pas à gommer.

Possible que Pirate de lumière trouve son public auprès d’un lectorat moins exigeant que celui de Notre Club. Toutefois, au milieu de la production actuelle de SF et de fantastique, il n’est qu’une énième variation un peu trop longue sur un thème déjà largement traité. Reste un regard un peu décalé, teinté d’optimisme et de douceur, porté sur la question du dérèglement climatique. C’est peu.

 

Jean-François SEIGNOL

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