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Les critiques de Bifrost

Pleurons sous la pluie

Pleurons sous la pluie

Tanith LEE
LE PASSAGER CLANDESTIN
6,00 €

Bifrost n° 114

Critique parue en avril 2024 dans Bifrost n° 114

« En 1987, Tanith Lee imagine comment le dérèglement climatique profite aux ultra-riches. » Ou comment résumer en une phrase-signature ce nouvel opus de la si intéressante collection « Dyschroniques ». Car encore une fois, Le Passager Clandestin a su choisir une pépite

En quelques dizaines de pages, l’autrice constate, simplement et cruellement, la réalité des inégalités de naissance, dans un monde ravagé par les pluies radioactives. Nous y suivons Greena, qui part à la rencontre de son futur mari. Ou plutôt de l’homme qui va probablement l’acheter à sa mère. L’enjeu est de taille : Greena, quinze ans, est une jeune femme de l’extérieur qui, même si elle habite dans une maison Securit, ne peut espérer vivre que jusqu’à ses vingt-cinq ans, si elle ne trouve pas de bon partenariat. Lui, à vingt-deux ans, a encore une bonne trentaine d’années de vie choyée devant lui. Car lui est un habitant du Centre. Lui a été et restera préservé, dans cette réserve protégée sous un dôme, qu’aucune pluie ne peut atteindre.

Greena sait qu’elle n’a pas le choix. Sa mère a réussi tant bien que mal à atteindre les trente ans, mais elle est condamnée à court terme. Une seule priorité pour les deux femmes : faire survivre les plus jeunes. Et pour subvenir aux besoins de ses sœurs et frère, Greena obéit, simplement et cruellement, à son devoir d’aînée.

Comme bien souvent l’engagement militant de l’autrice est pleinement perceptible. À travers une narratrice au regard résigné, elle décrit cette société qui ressemble, par bien des aspects déjà, beaucoup trop à la nôtre. Le récit est épuré, sans artifices, s’adaptant à Greena. Qui ne regrette rien. Qui vit au présent, factuellement, car rien d’autre ne peut exister dans son monde. La critique, elle, prend forme dans notre regard de lecteurs et lectrices. Le questionnement, en écho à ce texte de presque quarante ans, se dessine, troublé, quand nous levons le regard sur notre société… Dyschronique, vraiment ?

Maëlle ALAN

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