Douglas HULICK
L'ATALANTE
480pp - 21,90 €
Critique parue en octobre 2012 dans Bifrost n° 68
Vous aimez les histoires de cape et d’épée ? Alexandre Dumas vous manque ? Jetez-vous sur Princes de la pègre de Douglas Hulick. Certes, l’histoire ne se déroule pas dans un monde réel. Elle n’a pas pour protagoniste des rois ou des hommes d’armes ayant réellement existé. Mais le rythme, l’enchaînement, la vivacité des aventures de Drothe font penser à ces romans vivifiants qui ont bercé l’enfance, la jeunesse ou la vieillesse de beaucoup de lecteurs. Car le titre français peut s’avérer trompeur : rien à voir ici avec Chicago, ou les bas-fonds d’une grande ville américaine en pleine Prohibition. Les quelques jours racontés dans ce livre ont pour décor Ildrecca, vaste cité tentaculaire divisée en cordons. L’empereur dirige l’Etat, les parrains locaux leurs quartiers. Et les conflits se règlent à l’épée (l’auteur en connaît d’ailleurs les subtilités) plutôt qu’à la mitraillette.
Le héros de ce premier volume d’une série en cours d’écriture est un « nez ». Un fouineur, en fait, capable d’écouter toutes les rumeurs de la ville et de renifler les problèmes, les tendances. Il peut ainsi prévenir son chef, un des parrains d’Ildrecca. Drothe est bien établi. Ses affaires roulent. Il est implanté dans son cordon et a l’oreille de son chef. Evidemment, tout cela ne va pas durer. A la recherche d’un livre qu’on lui avait promis, Drothe va se retrouver au centre d’un conflit aux prolongements inattendus. Sa petite routine quotidienne va céder au chaos ambiant. Et le sommeil de-viendra une denrée rare, un luxe difficile à s’offrir, sa vie se réduisant à l’état de variable d’ajustement. Seule sa finesse d’esprit et son habileté lui permettront de déjouer les pièges et d’espérer sauver son existence. Et aussi de découvrir les rouages secrets de cette ville qu’il croyait connaître.
Dès le premier chapitre, Douglas Hulick plante le décor, pose ses personnages, lance l’intrigue. On ne perd pas de temps, mais sans tomber dans le schématique ou le caricatural. Par petites touches, l’auteur peint une cité gigantesque : on respire ses odeurs, on entend ses bruits, les cris de ses habitants pleins de vie. Certains cordons nous deviennent familiers au long des pages. Mais cela ne suffit pas à un bon roman. Il faut des aventures, de quoi tenir en haleine le lecteur. Là encore, notre guide sait y faire. Richesse des rebondissements, personnages à double facette, retournements de situation. Cela n’empêche pas quelques facilités et on imagine assez aisément la fin de cette histoire. Mais pas ses tours et ses détours. Et il est bien agréable de se laisser entraîner dans les rues bouillonnantes d’Ildrecca, sur les pas de Drothe, guide involontaire et attachant. Alors ne perdez pas de temps, ceignez votre épée, prenez votre respiration et immergez-vous dans « Les Bas-fonds d’Ildrecca ».