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Les critiques de Bifrost

Promenons-nous dans les bois

Promenons-nous dans les bois

Margaret ATWOOD
ROBERT LAFFONT
358pp - 21,00 €

Bifrost n° 114

Critique parue en avril 2024 dans Bifrost n° 114

L’automne 2023 a vu le retour de l’autrice de La Servante écarlate (Bifrost n°39). Ce n’est cette fois-ci pas avec un roman que Margaret Atwood se signale à nouveau mais avec un recueil de nouvelles, un genre dans lequel elle s’était déjà illustrée avec Neuf contes (Bifrost n°93). Les récits de Promenons-nous dans les bois sont de dates récentes. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ils portent la trace du présent. Il peut s’agir de celui propre à une écrivaine octogénaire, veuve depuis 2019. Les nouvelles formant le (mini) cycle de « Tig & Nell » évoquent de manière autobiographique un couple affrontant la sénescence et la mort. Ces attachantes histoires relèvent cependant de la littérature blanche, et c’est dans la partie de l’ouvrage intitulée « Ma mère, cette sorcière » que se trouvent les genres chers à Bifrost. Le réalisme fantastique y domine avec la nouvelle donnant son titre à ce segment (la biographie d’une mère possiblement magicienne par sa fille) ainsi que dans « Entretien avec un mort » et « Une mort à coup de coquillages » — on y fait parler les morts que sont George Orwell et Hypatie d’Alexandrie — et « La métempsychose ou le voyage de l’âme », témoignage d’un escargot réincarné dans une femme. « Impatiente Grisildis » et « Mêléegénérale » relèvent de la SF, le premier relisant l’un des Contes de Canterbury à une aune extraterrestre, le second imaginant un futur matriarcal. De celui-ci, comme de ces autres textes, le présent n’est une nouvelle fois pas très loin. Margaret Atwood y évoque en effet autant de questions d’une actualité que l’on dit brûlante : les unes féministes, les autres écologiques ou bien encore pandémiques. Engagé, le regard porté par l’écrivaine sur ces points saillants de notre temps est enfin marqué par un humour rendant d’autant plus efficaces les interventions que sont ces miniatures de l’Imaginaire.

Pierre CHARREL

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