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Les critiques de Bifrost

Psykoses

Philippe HEURTEL
BLACK COAT PRESS
308pp - 20,00 €

Critique parue en octobre 2009 dans Bifrost n° 56

« Pour se détendre, il avait profité des longues lignes droites de l'inter-villes pour écraser le champignon. Son véhicule avait atteint des vitesses qui auraient été passibles de la cour martiale du temps où les Normaux dominaient le monde, où les automobilistes étaient surveillés et sanctionnés. Dire qu'à l'époque, songeait parfois le chauffeur, il était même interdit d'équiper son véhicule d'un éperon. Fort heureusement, cette époque liberticide était révolue. Elle n'était évoquée que pour effrayer les petits psykos récalcitrants : rien de tel, pour inciter un [Mad] Max en herbe à finir sa soupe, que la menace du grand méchant policier qui viendra lui donner un PV s'il n'obéit pas. » (Page 44.)

Pour son premier roman, notre collaborateur Philippe Heurtel (assez discret en nos pages, ces derniers temps) s'est amusé comme un petit fou à décrire un monde sous la coupe de la Direction du Casting dans lequel les Psykos (divers modèles existent : Savant Fou, Hannibal, Jason, Tronçonneur, Vampire, Zombie, Seven, Max Cinglé, Empoisonneuse Acariâtre, etc) massacrent les jeunes (bien fait !) du genre sportif aux dents blanches et oie blonde modèle déposé série B (voire fin de série). Ces massacres ont lieu dans des parcs à victimes qui s'appellent Teen Town, Silver Lake, Haddonfield et j'en passe.

Voilà pour le décor, qui avait besoin d'une intrigue : celle-ci sera « policière » (dans un premier temps) ou plutôt « psychopathologique ». Des meurtres non prévus par la Direction du Casting ont eu lieu à Teen Town, quelqu'un a été tronçonné, le fabricant local de hamburgers a été hannibalisé, une insupportable enseignante a été éventrée. En conséquence de quoi un Seven, Mordon de son petit nom, est envoyé pour mener l'enquête.

Dans la seconde partie du roman, moins réussie mais toujours plaisante, c'est au tour des extraterrestres de débarquer à Teen Town (ce qui nous vaut une avalanche de clins d'œil à la S-F en général et au cinéma d'invasion ET en particulier).

On pourrait sans doute faire des tas de reproches à ce premier roman double feature dont la construction est assez bancale et le style pas assez tenu (même pour de la série B), mais la culture cinématographique et le sens de l'humour de Philippe Heurtel rattrapent la mayonnaise et le tout se lit globalement avec plaisir. Dans la lignée de 10 000 litres d'horreur pure de Thomas Gunzig, Psykoses devrait plaire aux fans hardcore de films d'horreur, car l'auteur (fin connaisseur du genre) a su dompter son matériau et en faire sourdre tout le jus humoristique. Manque encore un peu de maîtrise stylistique ; disons que ce sera pour le prochain, car il serait dommage que Philippe Heurtel s'arrête en si bon chemin.

Thomas DAY

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